Cycle Belgian Theory : Séances fictions et vérités
Tables rondes autour du livre d’Eric Clémens, Le fictionnel et le fictif (CEP). En collaboration avec #BPI – Centre Pompidou.
Entrée libre
Cinéma
46 rue Quincampoix 75004 Paris
Né en 1945, à Bruxelles, Eric Clémens poursuit une double activité fictionnelle, de poésie et de philosophie, marquée la passion du langage. Ou plutôt, du geste à la couleur en passant par les notes ou les nombres, des langages, car tous - et singulièrement le langage verbal – constituent pour lui l’espace-temps où notre liberté et notre égalité peuvent se risquer dans leur plus grande intensité génératrice. La fiction, mieux : le fictionnel (distinct du fictif qui se situe dans l’imaginaire) est ce creuset humain où les langages façonnent notre relation au réel pour former notre monde. Et s’ouvrir à l’action.
Avec Christian Prigent et Jean-Pierre Verheggen, il a participé à l’aventure, d’écriture et de performance orale, courue pendant plus de 20 ans par la revue TXT. Dans la foulée de Mai 68, il a subi l’épreuve de vérité du militant révolutionnaire. Il a été conseiller dramaturgique de « L’Infini Théâtre », dirigé par Dominique Seron. Il a donné et donne des cours de philosophie dans diverses universités et institutions de Belgique, de France et du Québec.
Côté poétique, il a cherché à mettre en jeu diverses modalités de la littérature, entre rythme, figuration et narration, affrontés à l’impossible à représenter du réel… Il a publié Un coup de défaire.D’ego (aux éditions Carte Blanche, Paris, 1982), Opéra des Xris (aux éditions TXT/Limage 2, Paris, 1984), De r’tour, (aux éditions TXT, Paris-Bruxelles, 1987), une narration intitulée L’Anna (aux éditions Le Quartanier, Montréal, 2003), un poème Trois fois non (avec des encres de Pierre Soletti, Les éditions du soir au matin, Merville, 2009) et deux recueils, Mythe le rythme. Des choses de la dénature (éd. Au coin de la rue de l’Enfer, Saint-Etienne-les-Orgues, 2011) et D’après la poésie d’amour (éd. L’âne qui butine, Mouscron, 2013).
Côté philosophique, à partir de la phénoménologie et de la déconstruction, il ne cesse de rechercher l’ouverture pour notre temps des pensées politique ou éthique, poétique ou artistique et physique ou biologique… Il a publié Le même entre démocratie et philosophie (aux éditions Lebeer-Hossmann, coll. Philosophiques, Bruxelles, 1987), La fiction et l’apparaître (aux éditions Albin Michel, coll. Bibliothèque du Collège International de Philosophie, Paris, 1993), Un mot seul n’est jamais juste. Pour une démocratie des alternances (aux éditions Quorum, Louvain-la-Neuve/Gerpinnes, 1998), Façons de voir (aux Presses Universitaires de Vincennes, coll. Esthétique/hors cadre, Paris, 1999), La démocratie en questions, avec Erwin Jans (aux éditions La Lettre volée, Bruxelles, 2010), Les brisures du réel. Essai sur les transformations de l’idée de « nature » (Editions Ousia, Bruxelles, 2010) et De l’égalité à la liberté. En passant par le Revenu de Base Inconditionnel (éd. Le corridor bleu, Saint-Pierre, 2015). Son livre Fictions du monde. Essai sur le fictif et le fictionnel est accessible librement sur le site gerardgranel.com (Ouvertures).
Il a mené avec le peintre Claude Panier des entretiens parus sous le titre Prendre Corps (aux éditions Artgo, Bruxelles, 1992) et il a accompagné de son texte le peintre Joël Desbouiges dans Après Rembrandt (Le 19/ Centre Régional d’Art Contemporain, Montbéliard, prévu 2008).
Il a publié un choix des Ecrits de Magritte avec une postface “Ceci n’est pas un Magritte” (aux éditions Labor, coll. Espace Nord, Bruxelles, 1994) ; de Max Loreau, il a publié une anthologie, De la création avec une postface “Pour introduire à la création” (éd. Labor, coll. Espace Nord, 1998) et son chef-d’oeuvre posthume, Genèses, rassemblé avec Francine Loreau à partir de plans et de fiches (éd. Galilée, Paris, 2000). Il a préfacé sous le titre « Voilà des peintres » le livre Mathias Pérez (éd. Carte Blanche, Auvers-s-Oise, 2009). Il a publié avec le photographe Stéphane G. Schollaert un livre sur la lecture L’allonge (éd. 100 Titres, Bruxelles, 2012).
Il a publié de nombreux textes littéraires et articles de philosophie, souvent présentés en public lors de conférences-séminaires et de lectures-perfomances, dans divers pays : Belgique, Brésil, Canada-Québec, Chili, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Pérou, Pologne, Tchéquie. Certains de ses textes ont été traduits en néerlandais, espagnol, italien et anglais.
Il a co-écrit le scénario du film de Luc Jabon, Le diable dans la philosophie (1989), où il a joué le rôle du philosophe.
Christian Prigent est né en 1945 à Saint-Brieuc. Il a dirigé de 1969 à 1993 la revue d’avant-garde TXT et publié, essentiellement chez P.O.L une soixantaine d’ouvrages (poésie, fiction, chroniques, essais sur la littérature et les arts plastiques). Il a reçu en 2018 le Grand prix de Poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Publications récentes : Point d’appui, journal 2012-2018 (P.O.L, 2019), La Peinture me regarde, écrits sur l’art (L’Atelier contemporain, 2020), Une relation enragée, correspondance avec Francis Ponge (L’Atelier contemporain, 2020), Chino au jardin, roman (P.O.L, 2021).
Cela a-t-il un sens de parler de « Belgian Theory » - comme on parle de « French Theory » ou d’« Italian Theory » ?
A défaut de répondre à cette question, le cycle de rencontres Belgian Theory a pour ambition de présenter au public la richesse et la vivacité de la pensée belge de langue française par le biais de dialogues publics avec les auteur.ices qui en sont les plus représentatif.ves. Chaque rencontre a lieu à l’occasion de la parution d’un ouvrage important, et voit la confrontation de son auteur avec une personnalité française sous la forme d’une conversation ouverte. Le but en serait de démontrer que la pensée belge, loin d’être isolée, tire aussi sa spécificité de réseau d’ententes et de complicité dont elle dispose dans le monde entier – à commencer par la France. Mais il serait aussi de suggérer qu’il y a en effet bien quelque chose comme une spécificité belge dans le domaine de la pensée, au-delà des écoles et des disciplines. Une spécificité qui ne se définirait pas comme un trait national, mais comme un agencement singulier d’histoires, d’institutions, de pratiques, de rencontres et d’épreuves qui ne se rencontrent sans doute qu’en Belgique.
Cela a-t-il un sens de parler de « Belgian Theory » - comme on parle de « French Theory » ou d’« Italian Theory » ?
A défaut de répondre à cette question, le cycle de rencontres Belgian Theory a pour ambition de présenter au public pluralité de la pensée contemporaine par le biais de dialogues publics avec ses représentants emblématiques. Chaque rencontre, qui aura lieu à l’occasion de la parution d’un ouvrage important, verra la confrontation de son auteur.trice. avec une personnalité française sous la forme d’une conversation ouverte. Cycle initié avec la collaboration de Laurent de Sutter en 2019 au Centre.
Le livre
Depuis les temps modernes, lorsque Thomas Hobbes entre autres « découvrit » le pacte social depuis l’institution du langage entre les humains, l’usage du mot fiction est abondant - et aujourd’hui plus que jamais. Il recouvre un champ mouvant, de très restreint à très large : de fiction littéraire ou médiatique à fiction juridique, voire mathématique… Il en devient quasi synonyme de culture ce qui l’oppose à nature, mais pas à monde ou à réalité, ce qui le met à distance de l’idée d’une chimère, d’une erreur ou d’une irréalité. Il est aussi le plus souvent employé à tort et à travers - mais aussi à raison, ce qui n’est pas sans paradoxe puisque la fiction s’oppose habituellement à la raison comme au réel…
Pour cette première séance Le journaliste Sylvain Bourmeau anime un dialogue entre Eric Clemens et Christian Prigent.