Le 19 janvier 2022 à 20:00

Tarif plein : 10€
Tarif réduit : 8€

Théâtre

46 rue Quincampoix 75004, Paris

Chorégraphie, interprétation : Pau Simon - Assistanat et collaboration : Ana Rita Teodoro,
Marion Henry - Costumes, scénographie : Darius Dolatyari-Dolatdoust - Création sonore : ÈLG - Assistanat spécifique sur la thématique : Maxime Labrit - Création lumière : Maureen Beguin - Administrateur.ice de production : Vénus Castro, puis Paul Lacour-Lebouvier - Soutien de la première phase de recherche : Nitsan Margaliot.

Production déléguée : Association Suprabénigne. Coproductions : Buda KunstCentrum, Charleroi Danse (Centre chorégraphique de Wallonie Bruxelles). CCNO, Centre National Chorégraphique d’Orléans direction Maud Le Pladec, Ménagerie de Verre, IFM-Institut Français de la Mode & CND Centre National de la Danse (Workshop de recherche, production), DRAC Ile-de-France dans le cadre de l’aide au projet chorégraphique, Atelier 210, Bruxelles (résidence, diffusion) Association Antrepaux.

Pau Simon est chorégraphe, interprète. Sa pratique chorégraphique est marquée par une recherche transdisplinaire (danse, arts visuels, sciences sociales) où la danse se pose comme vecteur autour d’un sujet ou d’un contexte et crée des liens entre l’intime et le politique.

Formé.e à la danse contemporaine à Lyon au CNR, puis au Conservatoire supérieur de Danse à Paris, CNSMDP dans le cursus contemporain, Pau suit également des workshops auprès d’artistes et de théoriciens comme Odile Duboc, Loïc Touzé et Mathieu Bouvier, Fanny De Chaillé, Elizabeth Lebovici, La Ribot, Vincent Dupont. Elle obtient son DE au CND de Pantin, intervient régulièrement en écoles d’art pour partager sa recherche ou proposer des chantiers d’exploration, et assiste ou collabore aux projets de Volmir Cordeiro, Duncan Evennou. Interprète auprès de chorégraphes comme Joanne Leighton, Nina Santes, Mickaël Phelippeau, Fanny de Chaillé ainsi que dans ses propres projets, Pau s’associe à des collaborations auprès de musiciens/performers comme Julien Desprez, Ernest Bergez, Clément Verceletto, des artistes visuels comme Ulla von Brandenburg, Corine Petitpierre et Yvan Clédat, ou de théâtre contemporain comme Duncan Evennou.

Depuis la création de l’association Suprabénigne en 2013, iel a créé Exploit, premier prix et prix du public du concours Danse Elargie au Théâtre de la Ville, Sérendipité à la Cité internationale, Perlaborer pour les sujets à vifs à Avignon avec Vincent Dissez, Postérieurs, à la Ménagerie de Verre, Mutant Stage, commande vidéo danse pour Lafayette Anticipation en collaboration avec Volmir Cordeiro, Pendullum, pour l’exposition Museum ON/ OFF Centre Pompidou, Per Que Torçut Dansan Lo Monde au Silencio en collaboration avec Ernest Bergez, Lo-fi dance, création au CDC le Pacifique, Grenoble.

Création sonore :
Diplômé en 2003 de l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne en réalisation audiovisuelle, Laurent Gérard, dit Èlg, se tourne rapidement vers le son comme principal moyen d’expression et ne cesse depuis 2004 d’expérimenter une pratique des mélanges faite de musique concrète, chansons pop, transes psychédéliques ou de hörspiel radiophonique.
En tant que Èlg ou dans les projets Opéra Mort ou Orgue Agnès les enregistrements sont publiés sur des labels internationaux comme Hundebiss Records, Alter, Editions Gravats.
En parallèle à ses activités discographiques, il travaille en parallèle pour le théâtre et la danse, pour Madeleine Fournier, Jonas Chéreau, Léa Drouet en jouant sur les effets de contrastes, de transformation en direct de la voix ou sur les modes de perception sonore détournés via des installations de diffusions multicanales.
Il adapte également ses découvertes sonores au travers de la composition et le sound design pour le cinéma en collaborant avec des réalisateurs tels que Blaise Harrison, Florian Geyer ou des artistes vidéastes comme Ibro Hasanovic.

La Grande remontée est une pièce issue d’une recherche en sciences sociales et de genre. Sous la forme d’un solo chorégraphique et textile, elle ouvre un dialogue autour de la normativité du corps masculin et son détournement. À partir d’une recherche menée sur un vêtement contraceptif masculin marginalisé et rejeté par les institutions de santé, la pièce offre une réflexion sur des espaces manquants ou mineurs comme autant de potentielles transgressions à convoquer par le mouvement. La danse se fait aussi catalyseur des sensations qu’a produit ce vêtement dans le regard de la société, et se joue des peurs qu’il convoque : impuissance, perte de virilité, contrainte.

INTENTION

A travers ce projet de recherche qui s’est transformé en projet chorégraphique, j’aspire à produire des rencontres entre les espaces destinés à l’art et des phénomènes culturels, ou terrain qui ne lui sont pas propres. Je suis guidé.e par l’attraction qu’engendrent sur moi des objets, des danses, des usages du corps, des pratiques, et tente de traduire par la chorégraphie, la pédagogie ou la recherche des liens invisibles entre corps social, politique et corps intime. Je suis attiré.e par les espaces mineurs, les puissances subversives : la pièce devient une zone de concentration d’enjeux multiples, agitant enjeux esthétiques et sociopolitiques.

Je me suis intéressé.e à un « rebut culturel » dont j’ai appris l’existence de manière fortuite : un vêtement suspensoir de testicules, un vêtement-manisfeste, dont l’existence est encore peu officielle. Dans une intimité offerte, et quand il réussit à exploser le cadre qui le maintient artificiellement à l’état de légende, il se laisse voir : Le « Remont-couilles toulousain ».

Inventé par l’Ardecom (Association de Recherche et de Développement de la Contraception Masculine), un mouvement proche des féministes de la fin des années soixante-dix en France, le remonte-couilles toulousain est un sous-vêtement réaménagé à l’aide d’une structure élastique, qui porté quotidiennement peut contracepter toute personne dotée de testicules.

Le principe est simple : le vêtement modifie la position des testicules, il les élève jusqu’à les placer dans la poche inguinale à l’intérieur du corps. Ce déplacement de milieu modifie leur température grâce à la chaleur corporelle qui est légèrement plus élevée. La chaleur a un impact délétère sur la production de spermatozoïdes, et ainsi porté quotidiennement, le vêtement devient contraceptif. Les spermatozoïdes sont toujours produits, mais leur capacité à se mouvoir est amoindrie.

La méthode est réversible, naturelle, écologique, efficace et est testée depuis quarante ans. Cette méthode induit de pratiquer un geste minime mais symboliquement fort : apprendre à repositionner ses testicules à l’intérieur de son corps, s’autopénétrer donc, et à prendre en charge un rôle qui culturellement n’est pas attribué aux hommes hétérosexuels.

Si cette recherche gravite d’une certaine façon autour des corps sexuels masculins essentiellement cis genres (personnes s’identifiant à leur genre assigné à la naissance ) elle renvoie sans cesse, comme une ombre portée, à l’histoire d’autres corps qui historiquement ont moins comptés. Rappelons ainsi que le projet d’expérimentation de la contraception féminine moderne est marqué d’une violence patriarcale, coloniale et homophobe ; il est le fruit d’une idéologie eugéniste d’épuration raciale, basée sur un renforcement de la séparation des sexes. Rappelons également que la première pilule, Pincus, fût étudiée sur la population noire locale de l’île de Puerto Rico entre 1956 et 1957, et fût simultanément testée sur différents groupes de patientes psychiatriques du Worcester State Hospital, pensionnaires de la prison d’État d’Oregon pour contrôler leur reproduction, mais aussi contrôler les tendances homosexuelles des hommes.

Le remonte-couilles toulousain prend le contrepied de cette histoire : dans les années soixante-dix, les militants de l’Ardecom ont choisi d’expérimenter sur leur propre corps les méthodes de contraception auxquelles ils souhaitaient avoir accès. Ils brisent par la même une longue chaîne de fabrication violente de la médecine qui expérimente habituellement sur les corps qui comptent peu pour fournir des soins aux corps qui comptent.

J’ai alors commencé à regarder le remonte-couilles toulousain comme un catalyseur, un symptôme, et à penser à travers lui : Que raconte l’objet du remonte-couilles toulousain sur le monde qui l’a refusé ?

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Pau Simon
La grande remontée - Pau Simon © Romy Berger

La grande remontée - Pau Simon © Romy Berger

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La grande remontée - Pau Simon © Romy Berger

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