Luna Mahoux , Masha Wysocka et Lyoz Bandie au Festival Circulation(s) au Cenquatre Paris
-Exposition gratuites : – Halle Aubervilliers et Little Circulation(s)
- Tarif plein : 6€, 4€ (réduit)
CENTQUATRE-Paris
5 rue Curial – 75019 Paris
Du mercredi au dimanche de 14h à 19h
« La série Logobi tu nous manques est un hommage au Logobi, une danse devenue mouvement culturel, originaire de Côte d’Ivoire. Les routines de danse sont généralement humoristiques, allant du mime d’être menotté à la représentation des symptômes de la grippe aviaire.
Le Logobi est passé d’une danse locale ivoirienne à un engouement de la classe ouvrière noire française dans les banlieues parisiennes à la fin des années 2000. Les danseur·ses se produisaient alors dans les stations de métro, les centres commerciaux et même dans la rue. Iels établissaient une philosophie de club à une époque où les clubs les rejetaient. […] Dans une culture où le daltonisme et l’assimilationnisme sont institutionnalisés, ces manifestations de joie africaine étaient des actes de résistance.
Dans Logobi tu nous manques, Luna Mahoux s’appuie sur l’économie des images pauvres : elle utilise des captures d’écran de vidéos YouTube, d’appareils photo de téléphones portables ainsi que de TikToks. […] Luna Mahoux interviewe des personnalités clés de Logobi qui nous racontent la naissance et la montée du mouvement en France et son influence sur d’autres communautés noires et comment ce phénomène a été projeté sur les réseaux sociaux, comme on peut le voir dans sa collection de danses TikTok, trouvées en ligne. »
Texte (extrait) écrit par Mohamed Almusibli et Marguerite Mikanowski.
Luna Mahoux, née en 1996, vit et travaille entre Paris et Bruxelles. Elle a obtenu son diplôme en Peinture à l’École nationale supérieure des Arts visuels de La Cambre à Bruxelles et a suivi un double cursus à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (ENSAPC). Elle a entamé à l’automne 2023 un Post-Master au Fresnoy – Studio national des arts contemporains à Tourcoing, France.
Truth is Stranger than Fiction
Le projet Truth is Stranger than Fiction (La Vérité est plus étrange que la Fiction) explore les notions de vérité, de mensonge et de propagande pendant la guerre froide.
Masha Wysocka a travaillé avec deux fonds d’archives des Blinken Open Society Archives (Budapest, Hongrie). La première collection d’archives est une série de « rapports de terrain » de l’Institut de recherche Radio Free Europe/Radio Liberty. Ces rapports ont été recueillis lors d’entretiens avec des Hongrois ou des personnes ayant eu accès à la Hongrie communiste dans les années 1950. La deuxième collection d’archives est constituée de photographies d’amateur·ices datant des années 1980. Ces photographies ont été jetées par la société publique hongroise de développement photographique, Főfotó, pour des raisons techniques ou politiques.
À travers l’arythmie, Masha Wysocka cherche à rompre la cadence de lecture pour remettre en question la fonction illustrative que nous assignons à la photographie et souligner l’ambiguïté de la relation fictive entre les images et les textes.
Bien que Masha Wysocka soit née dans une famille polonaise en URSS, elle a vécu dans plusieurs pays européens. Elle est diplômée de Sciences Po Strasbourg et titulaire d’une maîtrise en photojournalisme et photographie documentaire du London College of Communication (UAL). Elle s’intéresse au travail à l’intersection de l’histoire, de la littérature et de la science.
La Peau du prénom
Le prénom « Lyoz » provient d’une construction étymologique issue du grec ancien qui signifie « dissocié·e par nature ». Ce nom choisi ne gomme donc pas le passage d’une binarité à l’autre (de fille à garçon) mais au contraire garde la trace de l’indétermination, de la latence, presque du jeu avec ce qu’on est (naît) avec qui on est (naît), avec comment on est (naît).
Le mouvement du livre La Peau du Prénom est le mouvement de cette autonomisation, le mouvement d’un être, d’un corps, pour s’extraire d’un prénom-symptôme (symptôme d’un certain système de distribution des êtres) et se doter d’un prénom affranchi. C’est le passage – grâce à la photographie qui y est explorée comme un médium queer, fluide, déclas- sifiée – d’un état défensif à un état actif (envers soi-même, les autres et l’État), c’est la prise en main de sa représentation propre, de l’image que l’on donne, que l’on se donne et pour laquelle on plaide.
Originaire de Tours en France, Lyoz Bandie (1994) y étudie le droit pendant plusieurs années avant de venir s’installer en Belgique pour entamer des études artistiques. Iel publie, à l’occasion de son jury et en autoédition, un premier (pro)jet de son livre « I don’t have a name », témoin de la quête de son nouveau prénom.
Jeune photographe queer, Lyoz questionne le genre dans un cheminement éclectique et pluridisciplinaire. Une recherche sensible à de nouvelles libertés, qu’iel prolonge en étudiant et pratiquant la vidéo à l’Académie des Beaux-Arts.
La singularité du festival est de réunir le grand public comme les professionnel·les autour d’une programmation multiforme, aventureuse et novatrice qui interroge les frontières entre photographie et art contemporain. Des week-ends professionnels organisés autour des lectures de portfolios et de rencontres avec les artistes, à nos fameux studios photos, le festival propose des temps forts axés sur la découverte et le partage d’expériences pour se réunir autour de la photographie. Le festival Circulation(s) prend place au CENTQUATRE-PARIS, lieu culturel de l’est parisien, et se prolonge sous forme de tournées et de hors-les-murs en France et en Europe.
Tremplin pour les artistes et révélateur de tendances, Circulation(s) est le lieu et le reflet de l’ébullition artistique contemporaine européenne et le rendez-vous incontournable de la photographie de demain.
Fondé sur des valeurs d’éducation et de transmission autour de l’image, Circulation(s) réaffirme sa volonté d’être un événement à la fois populaire et exigeant, et de s’adapter à toutes et à tous avec Little Circulation(s), l’exposition à hauteur d’enfant. En constante réinvention, l’engagement du festival et du collectif Fetart reste d’émouvoir mais aussi de révéler et de concerner autour de thématiques fortes et engagées.
Depuis sa création en 2011, le festival a exposé plus de 400 artistes et rassemblé plus de 300 000 visiteurs.
La 14e édition du festival Circulation(s) présente les travaux de 24 artistes, de 14 nationalités différentes, dont 3 issu·es du territoire belge. Bien que sans thématique donnée, par son ancrage contemporain, Circulation(s) est à l’image des questionnements qui agitent la jeune création européenne actuelle. Cette année, tous·tes les artistes illustrent la façon dont l’image aujourd’hui se joue de ses propres codes et frontières. L’image évolue de fixe à animée sans contrainte, émane de techniques anciennes et d’intelligences artificielles, s’empare de sources historiques et populaires (Masha Wysocka), numériques (Luna Mahoux) ou archivistiques, personnelles et universelles.
La fluidité figure également dans les thématiques abordées. Les identités et parcours queers s’incarnent, réaffirmant la nécessaire inclusivité et représentation (Lyoz Bandie). L’intime comme le collectif sont politiques, et restent au cœur de la programmation du festival dans une volonté de montrer, de faire comprendre, et de refléter la multiplicité des préoccupations de la scène photographique émergente.
Ainsi, les trois artistes belges présenté·es sont à l’image de ces pratiques artistiques fluides et transdisciplinaires. La photographie est poreuse, fragile, expérimentale, et les artistes se jouent de ses failles.