Art-o-Rama 18e édition - à la Friche la Belle de Mai
Salon international d’art contemporain
Friche la Belle de Mai
41 Rue Jobin, 13003 Marseille
Seconde collaboration entre le Centre et ART-O-RAMA
Studiolow est un studio de recherche et de création co-fondé par les artistes Héloïse Charital et Ismaël Rifaï en 2019 à la suite de leurs études à la Design Acadmey Eindhoven. Leur démarche
se situe à la frontière entre art contemporain design et recherche documentaire. Ce travail prend essentiellement la forme d’installations dans lesquelles se côtoient vidéos expérimentales
proches du documentaire amateur, formes de mapping et sculptures-objets façonnées par des logiques d’assemblage.
Influencés par l’idée de design social de Victor Papanek, le mouvement radical italien des années 1970 et les recherches contemporaines d’artistes-chercheurs tels Ernesto Oroza sur la
créativité populaire, iels cherchent à comprendre et analyser de manière critique des formes de design vernaculaire. A travers la position d’artiste chercheur.e, iels privilégient de longues périodes de recherches et d’investigations sur des sujets sociaux culturels. L’analyse de ces situations, par leurs regards d’artistes et leurs outils de designer.euse, se matérialise alors dans des installations composées d’objets narratifs. Cette méthodologie, plus qu’une simple transposition ou démonstration, oeuvre à la considération de techniques ou de situations dites informelles comme de potentiels modèles.
Progressivement, le duo s’est orienté vers une thématique de recherche autour de la notion de mouvement qui porte tour à tour sur la migration humaine ou animale, le déplacement des corps et des savoirs. De ces différentes explorations, est née une forme de fascination pour l’essor de la créativité humaine ou animale dans des situations de contraintes. Depuis leur travail a œuvré à documenter ces techniques de désobéissance et de détournement et à en utiliser les principes de conception.
Héloïse Charital et Ismaël Rifaï, né.es respectivement en 1994 et en 1993, ont été diplômé·e·s de la Design Academy Eindhoven en 2019. Leurs œuvres font partie des collections du Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg et ont été exposées au Design Museum London (2021), au Friedman Benda New York (2021), à la Biennale Émergences (Centre national de la danse, Pantin, 2020), à la Dutch Design Week (Eindhoven, 2019), à PASSAGEN (Cologne, 2020), et au Van Abbe Museum (Eindhoven, 2020).
En 2022, Héloïse Charital et Ismaël Rifaï ont été exposé.es à la galerie Carlota Oyarzun (Copenhague) et à la galerie Friedman Benda (New-York).
Lauréat.es du Prix Région Sud Design en 2023 et doté.es de la bourse création en cours par les Ateliers Médicis, iels poursuivent actuellement une recherche autour de la question du ‘non intentional design’ qui fera l’objet d’une exposition personnelle au Design Museum de Bruxelles en 2024.
A la faveur d’un partenariat avec Fraeme, association résidente à la Friche la Belle de Mai à Marseille et productrice du Salon international d’art contemporain Art-o-rama et le Design Museum Brussels, le Centre a décerné en 2023 un Prix conjoint avec le Design Museum Brussels au duo de designer.euse.s Studiolow, dans le cadre du Prix Région Sud Design, organisé par Art-o-rama, destiné à soutenir et accompagner la professionnalisation des jeunes designers installé·e.s dans la Région Sud – Provence.
Ce Prix conjoint permet la présentation pour l’édition 2024 d’Art-o-rama de nouvelles pièces des lauréat.es, avec un soutien à la production de Fræme et du Centre. Ces productions inédites seront exposées, lors de l’édition 2024 du Salon Art-o-rama ainsi qu’au Design Museum Brussels, du 9 au 29 septembre pendant le Design September 2024.
Rafistolage - Note de présentation, 2024, Studiolow
Le projet Rafistolage se situe dans la continuité des recherches de Studiolow autour d’un design narratif. À la suite de recherches conséquentes sur la question d’un design informel, le duo entame une investigation matérielle et conceptuelle sur la question de la réparation et de ses implications économiques, sociales et anthropologiques. À travers la figure du rempailleur et de la rempailleuse, le projet interroge l’aspect politique de la maintenance et de la réparation dans une société où l’obsolescence programmée et la surconsommation conduisent progressivement à l’abandon de ces pratiques qui relèvent du ‘’care’’. En 1990, les philosophes politiques, Joan Tronto et Bérénice Fischer, définissent le care dans les termes suivants : « nous suggérons que le care soit considéré comme une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre “monde” ».
Le projet envisage la définition de Fischer et Tronto comme point de départ pour interroger les méthodes actuelles de conception et de production. Par le biais de l’exploration du savoir-faire du rempailleur ou de la rempailleuse, la recherche souhaite témoigner d’un contrepoint esthétique et théorique aux logiques industrielles en place à l’heure actuelle et se place dans la lignée des ‘maintenance and repair studies’. Ce domaine de l’étude des pratiques de maintenance et réparation récemment mis en lumière en France par les travaux de David Pontille et Jérôme Denis est encore principalement cantonné au domaine de l’ingénierie.
Rafistolage entend implémenter ces réflexions dans une méthodologie de design qui offrirait ainsi une manière de repenser la matière et ses implications. En lieu et place de se concentrer sur la solidité d’un objet, le projet met en lumière la fragilité de ce dernier dans une perspective discursive.
Pour ce faire, la recherche se divise en trois phases distinctes réparties sur trois mois. La première est celle de la documentation réalisée principalement au travers de visites de lieux dédiés au rempaillage comme artisanat mais également avec des sociologues, anthropologues et ingénieurs permettant d’envisager la réparation et la maintenance sous différents angles et savoirs afin d’en extraire les potentialités. La seconde phase correspond à une phase d’expérimentation menée selon la méthode de « practice-led research », une approche scientifique au sein de laquelle la pratique initie et guide le travail de recherche. Conduite en collaboration avec un rempailleur ou une rempailleuse, cette étape nous permettra de considérer les capacités techniques de ce savoir-faire. Enfin la dernière phase, façonnée par les deux précédentes, viendra offrir une matérialité aux différentes itérations ayant jalonnées la recherche.