Résidence de Barbara Leclercq à Moly-Sabata
Le CWB | Paris poursuit son partenariat avec la résidence Moly-Sabata dans le cadre de son programme de Saison 2023 TROUBLE-FÊTE_COSMOLOGIES SPÉCULATIVES. Initiée en 2021, cette collaboration a permis l’accueil de nombreux plasticien·nes basé·es en Fédération Wallonie-Bruxelles. Après le séjour en 2021 de Nicolas Bourthoumieux et du duo mountaincutters, en 2022, Agathe Duperou, Angyvir Padilla et Yoel Pytowski, l’année 2023 consacre la présence de la jeune plasticienne Barbara Leclercq à Moly.
Moly-Sabata 1, rue Moly-Sabata 38550 Sablons
Fondation Albert Gleizes 11, rue Berryer 75008 Paris
Moly-Sabata est une résidence d’artistes mettant à disposition ses ateliers et ses ressources toute
l’année. En accueillant une trentaine de projets par an, elle se distingue par son programme d’invitations, son action au cœur d’un réseau de partenaires et ses initiatives en faveur de la production d’œuvres en lien avec les savoir-faire du territoire. Son rayonnement public est alimenté par une exposition annuelle, tout en perpétuant une tradition de transmission ancrée depuis 1927 dans ce lieu d’hospitalité, propriété de la Fondation Albert Gleizes. Cela en fait la plus ancienne résidence d’artistes en France. Un tiers environ des artistes reçu.e.s à Moly-Sabata viennent de l’étranger. Iels sont plusieurs à être basé.e.s à Bruxelles et sa région, , Hugo Scibetta, Ève Gabriel Chabanon, Jean-Baptiste Bernadet, Aela Royer, Éléonore Saintagnan, Maxime Fragnon, Carlotta Bailly-Borg, Kris Campo…
Barbara Leclercq (1997, Paris) est une artiste plasticienne qui vit et travaille à Bruxelles. Son parcours a commencé dans l’atelier dessin de La Cambre (Bruxelles, BE), puis aux Beaux-Arts d’Athènes (GR), où elle a appréhendé pour la première fois l’urbanisme et le médium de la céramique. Son approche entend envisager la ruine par ses usages et imaginaires. En ce moment, en parallèle de l’atelier, Barbara réalise une recherche de fin d’étude en lien avec la faculté d’architecture Horta (Bruxelles). Ce travail s’inscrit à l’intersection de sa pratique plastique et des disciplines qui la façonne. Il repose sur l’intime intention de rendre poreux différents domaines de recherches au sein de la pratique artistique. Son travail a été récompensé par le prix de la Fondation Baudouin pour la poursuite de son projet de fin d’études. Cette année post-diplôme a été porteuse de nombreuses expositions, autant en galeries qu’en artist-run-space.
Mes bas-reliefs en céramique Devouring Lines s’apparentent à des scènes de dévoration. Manger l’autre, le digérer, et finalement peut-être l’incorporer. Il y a confusion dès lors qu’on essaie de distinguer celui qui dévore de celui qui porte la peau de l’autre, qui pourrait l’enfiler comme un déguisement. Entre ornements et organismes, ces sculptures anthropomorphes cherchent une syntaxe visuelle déroulant ce įeu de métamorphoses. C’est alors que ces passages et invraisemblances façonnent cette figure archaïque mais familière de l’homme à la peau de louve.
Le travail que j’aimerai réaliser à Moly Sabata s’inscrit dans la poursuite du corpus des Devouring Lines. Ce sont des ensembles de sculptures se greffant dans les espaces dans lesquels elles sont présentées, viennent tracer des lignes, qui du sol au plafond, élaborent une filature éreintante : manger ou être mangé·e.
En réalité, les sculptures oscillent en jeux de syntaxe visuelles, des pattes de chien s’enlacent, deviennent des mâchoires acérées, mais aussi parfois, des épines, qui poussent comme des griffes, dans les plis du costume, et prennent forme d’une plante, ou d’un étrange organe quand on regarde de profil.
La figure du chien est au cœur de ces déploiements composites, évoquant inévitablement l’histoire de compagnonnage avec l’homme, histoire qui déborde, qui s’inscrit plastiquement dans la chair. Finalement, des partenaires en co-constitution, dans un devenir organique fluide, dont la « mutabilité contingente règne de part en part, dans la nature comme dans la culture, dans la natureculture. Il n’y a pas de fondation ; il n’y a que des éléphants empilés les uns sur les autres įusqu’en bas » (Donna Haraway, Manifeste des espèces compagnes.)
Devouring lines, céramique (émail parfois), dimensions variables © Théo Desmaizières
Devouring lines, céramique (émail parfois), dimensions variables © Théo Desmaizières
Devouring lines, céramique (émail parfois), dimensions variables © Théo Desmaizières
Devouring lines, céramique (émail parfois), dimensions variables © Théo Desmaizières
Devouring lines, céramique (émail parfois), dimensions variables © Théo Desmaizières
Devouring lines, céramique (émail parfois), dimensions variables © Théo Desmaizières
Devouring lines, céramique (émail parfois), dimensions variables © Théo Desmaizières