Du 1 juillet au 29 août 2025

Moly-Sabata 1, rue Moly-Sabata 38550 Sablons
Fondation Albert Gleizes 11, rue Berryer 75008 Paris

Le Centre a représenté à deux reprises dans sa programmation Maëlle Dufour.
En 2022, nous avons présenté deux œuvres monumentales de Maëlle Dufour, son installation Elle bat au souffle de la terre, dans l’exposition collective L’Anticipation d’un futur, Hors-Les-murs Satellite du Centre à Bruxelles à l’Espace Vandenborght, et son installation Entre-intérêts, dans notre espace de cour au sein de notre cycle Territoire de programmation #In-Situ périphérique.

Maëlle Dufour (1994, Belgique) vit et travaille à Bruxelles. Elle est lauréate du postgraduat HISK (Hoger Instituut voor Schone Kunsten) à Gand en 2023. Elle a étudié la sculpture à L’ENSAV La Cambre (Bruxelles) et à la Finnish Academy of Fine Arts (FI), où elle obtient son diplôme en 2017. Depuis 2014, elle a participé à de nombreuses expositions en Belgique et à l’étranger, notamment à la Triennale de Beaufort (BE), la Triennale Art Public (BE), la Biennale de Mulhouse (FR), Horst (BE), Artagon III (FR), la Biennale ARTour (BE) et Free Space for Arts (FI).
Ses œuvres sont régulièrement présentées dans des institutions artistiques comme le BPS22 (BE), la Kunsthal Extra City (BE), le Kanal Centre Pompidou (BE), le Centre Wallonie-Bruxelles|Paris (FR), CC Strombeek (BE), l’Universidad de Concepción (CL), ISELP (BE) et le Delta (BE). Elle a également été invitée en résidence à La Chambre d’eau (FR), MusVerre (FR), RAVI (BE), MAAC (BE), Shake Résidence Nomade (TN), Drugstore Beograd (SR), Cinema Mele (IT), BPS22 (BE) et Alumni Startwell (NL). En 2022, elle a réalisé une œuvre pérenne à Haren.
Son travail a reçu de nombreuses distinctions, dont le « Prix Sofam 2019 », le « Prix de la Commission des Arts de Wallonie 2018 », le « Prix Macors 2021 », le « Prix d’encouragement de Sculpture 2021 » à l’Institut de France et le « Prix Fintro 2024 ». Elle a également bénéficié des bourses « Aide à la création 2019 et 2021 », « Un Futur pour la Culture 2021 et 2024 », « Cocof 2021 » et « Vocatio 2022 ». Grâce au « Prix du Hainaut 2018 », elle a publié le livre Construire la ruine en novembre 2021 avec l’éditeur CFC.

Moly-Sabata est une résidence d’artistes mettant à disposition ses ateliers et ses ressources toute
l’année. En accueillant une trentaine de projets par an, elle se distingue par son programme d’invitations, son action au cœur d’un réseau de partenaires et ses initiatives en faveur de la production d’œuvres en lien avec les savoir-faire du territoire. Son rayonnement public est alimenté par une exposition annuelle, tout en perpétuant une tradition de transmission ancrée depuis 1927 dans ce lieu d’hospitalité, propriété de la Fondation Albert Gleizes. Cela en fait la plus ancienne résidence d’artistes en France. Un tiers environ des artistes reçu.e.s à Moly-Sabata viennent de l’étranger. Iels sont plusieurs à être basé.e.s à Bruxelles et sa région, , Hugo Scibetta, Ève Gabriel Chabanon, Jean-Baptiste Bernadet, Aela Royer, Éléonore Saintagnan, Maxime Fragnon, Carlotta Bailly-Borg, Kris Campo…

Le Centre et Moly-Sabata, la plus ancienne résidence en France, ont posé les bases d’une collaboration pluriannuelle ancrée sur leurs missions complémentaires et leur politique de soutien appuyée auprès des plasticien.ne.s émergent.e.s.
Après l’accueil en 2021 de Nicolas Bourthoumieux, en 2022 des mountaincutters, d’Agathe Duperou, Angyvir Padilla et Yoel Pytowski, en 2023 de Barbara Leclercq et en 2024 de Lucie Lanzini, l’opportunité d’une résidence prolongée de deux mois a été offerte cette année à Maëlle Dufour.
Huit artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont bénéficié de cet accueil en résidence, à la faveur de ce partenariat entre le Centre et Moly.

Présentation du projet de résidence de Maëlle Dufour à Moly-Sabata

Lors de ma résidence à Moly-Sabata, située en bordure du Rhône, je mènerai le projet Laboratoire des eaux sensibles, une recherche sculpturale et expérimentale autour de la matière et de la mémoire de l’eau douce – celle des pluies, des rivières et des nappes – à travers une série de sculptures en céramique et en verre installées en extérieur. Inspirées des dispositifs humains conçus pour capter, stocker ou canaliser l’eau, ces formes seront réinterprétées comme des réservoirs sensibles, capables de recueillir les eaux de pluie et d’en révéler les caractéristiques invisibles.
Chaque sculpture agira comme un capteur : elle collectera les dépôts atmosphériques, les résidus chimiques, les traces de métaux lourds ou encore les micro-organismes présents dans l’eau. Ces objets hybrides, à la fois outils d’observation et témoins poétiques, interrogeront la composition réelle de l’eau autant que les imaginaires qui lui sont liés.
Le Rhône, fleuve emblématique dont les rives bordent Moly-Sabata, servira de point d’ancrage géographique et de fil conducteur au projet. En longeant ses rives, je mènerai des gestes de collecte et d’observation in situ, que je traduirai ensuite dans des formes sculptées au sein de l’atelier.
Un travail de documentation vidéo et photographique accompagnera le cycle de vie des sculptures, captant les gestes discrets, les altérations lentes, les indices fugaces laissés par l’eau. Cette narration parallèle donne à voir ce que les formes seules ne peuvent saisir.
Le Laboratoire des eaux sensibles tente de retenir ce qui s’écoule, de rendre visible ce qui disparaît, et d’offrir un espace d’attention à une ressource aussi commune que menacée.

Démarche artistique :

Maëlle Dufour crée des œuvres monumentales et complexes qui questionnent le progrès au cœur d’époques passées, présentes et futures, tout en interrogeant l’impact de l’homme sur le vivant et son environnement. Elle explore les traces de décadence, les prémices d’espoir et les processus de renouveau, réfléchissant ainsi à l’évolution de l’humanité. Elle instaure une « archéologie » des déchets, ceux-ci étant l’héritage que nous laisserons aux générations à venir. Ils constituent aussi une précieuse source d’information sur une société en déclin et témoignent de la résilience de l’humanité. Ce sont des thèmes récurrents dans le travail de cet artiste.
Son art s’exprime dans une véritable explosion de matériaux, mêlant l’argile, la boue, la pierre bleue, la céramique, les déchets, les plaques de plomb, des miroirs rectangulaires ou encore du verre soufflé rouge vif. Il peut aussi s’agir de ruines monumentales, de paysages volcaniques lunaires ou d’étroites tours de guet. La confrontation physique entre son travail et le·la spectateur·ice est souvent déstabilisante. La taille et le poids des pièces dépassant toute échelle humaine, elles nous rappellent constamment la petitesse et la vulnérabilité de notre propre existence.
Dans ses installations sculpturales, elle questionne les nouvelles technologies tout en explorant les sources précieuses d’information héritées des anciennes sociétés et les legs matériels laissés aux générations futures. Elle remet volontairement en question l’origine, le souvenir et l’histoire des choses. Se situant entre l’apparition et la disparition, ses œuvres sont en parfaite résonance avec les expériences vécues, qui sont inévitablement effacées par le temps. Au-delà des frontières, des récits et des cultures, son œuvre interroge l’impermanence des civilisations. À travers ces cycles, elle esquisse un avenir où l’espoir et la résilience restent possibles.

© Jean-Christophe Lett

© Eline Willaert

© Doriane Biot

© Jean-Christophe Lett

© Eline Willaert

© Doriane Biot

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