03.09.21

Entretien avec Fred Arends

Un des programmateurs du Pink Screens Film Festival

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Comment est né le Festival Pink Screens à Bruxelles ?

Le Pink Screens Film Festival est né en 2001 suite au succès rencontré par le ciné-club Genres d’à côté organisé par l’association du même nom. Chaque mois, à l’époque au cinéma Arenberg, Genres d’à côté proposait des avant- premières, des inédits peu ou pas projetés en Belgique : films gays, lesbiens, queer, trans, féministes… pour une exploration des sexualités différentes et des modes de vie minoritaires. Mais un film par mois, cela reste fort frustrant… C’est pourquoi Genre d’à côté a lancé le Pink Screens Film Festival. La première édition du festival se déroulait sur 3 jours, uniquement au cinéma Nova. Le succès a très vite été au rendez-vous et le festival s’est développé d’années en années jusqu’à la forme qu’il a aujourd’hui.

Quels sont les films vus ou programmés au Pink Screens Film Festival qui vous ont le plus marqué en 20 ans ?

Il y a en a tant ! La projection de IXE de Lionel Soukaz a été très importante pour moi de même que celle de Ce Vieux rêve qui bouge d’Alain Guiraudie, tous les films de Joao Pedro Rodriguez, invité fidèle et ami du festival. Les projections de courts Made in Belgium restent toujours émouvantes de par leur succès et les invité.es qui y sont toujours très nombreux.ses. Le travail que nous avons pu mener sur les films de patrimoine a été source d’incroyables découvertes : Aller Jamais Retour et Jeanne d’Arc de Mongolie de Ulrike Ottinger, Casta Diva du belge Eric De Kuyper ou encore Le Roi des Roses de Werner Shroeter. Je pense aussi à la découverte du travail de Marie Losier et la projection de The Ballad of Genesis & Lady Jaye.

Le Festival bénéficie-t-il d’un soutien de la part de structures officielles au niveau de la Fédération Wallonie- Bruxelles, de la Région de Bruxelles-Capitale ou de la Ville de Bruxelles
Le festival a pu faire ses preuves depuis des années auprès des pouvoirs subsidiants. Notre travail est aujourd’hui clairement reconnu par les politiques qui soutiennent le festival, même si je le rappelle - et c’est essentiel dans la philosophie de l’association : aucun membre de l’association n’est rémunéré pour l’organisation du festival, ce qui est aussi un atout pour pouvoir maintenir l’indépendance de nos choix.

Quelle est sa place en regard des festivals de cinéma plus généralistes à Bruxelles ou en Wallonie ?

Au début de notre histoire, le festival a eu du mal à être identifié comme festival de cinéma, les journalistes nous plaçaient systématiquement dans les pages Société. Il faut dire que les thématiques que nous portons, notamment celle de Queer, ont depuis acquis plus de visibilité dans la société et particulièrement dans la culture. Les festivals thématiques sont nombreux à Bruxelles et en Wallonie et cela permet finalement une certaine expertise sur les sujets et au regard de festivals généralistes, de proposer une vision variée et nuancée des sujets abordés.

Quelle évolution constatez-vous sur la question des identités sexuelles et de genre parmi les productions belges ces dernières années ?

Nous constatons une effervescence enthousiaste dans la production de courts-métrages, parfois auto-produits et auto-financés. Les écoles de cinéma sont également de plus en plus source de films de qualité.

En 2019, le film d’ouverture était Lola vers la mer de Laurent Micheli ce qui aurait paru quasi inconcevable il y a 10 ans. Le cinéma belge de long-métrage et de fiction particulièrement, manque encore d’artistes affirmés et singuliers par rapport à ces sujets. Il serait intéressant d’analyser le nombre de projets de films inspirés par ces thématiques qui sont proposés en commission du cinéma et combien sont effectivement soutenus. Il y a encore du chemin à faire.

Y a -t-il une différence en la matière entre la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles ?

Il y a certainement des différences en matière de subsidiation et de programmation mais l’essentiel est que les festivals Queer et LGBT existent en Belgique et que des liens se créent entre nous, je pense notamment à Strangelove à Anvers ou au Holebi Film Festival de Flandre.

Le Pink Screens Film Festival a-t-il des liens avec des festivals équivalents en France ou avec le Festival Chéries- Chéris à Paris ?

Nous avons établi certains liens avec des festivals français notamment pour l’échange de sous-titrages qui reste un poste très important. Il y a évidemment des affinités et des liens d’amitié qui ont pu se créer je pense surtout à Cinémarges à Bordeaux ou aux Ecrans Mixtes de Lyon. Dans la mesure du possible, nous essayons d’entretenir des relations avec les festivals étrangers. A ce titre le festival de Berlin, reste un rendez-vous immanquable en termes de réseau et de rencontres.

Entretien réalisé par Louis Héliot – juin 2021

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