13.09.24 — 05.10.24

Installations “Le chant des lucioles” et “Érosion” de Jonas Moënne

Créations In-Situ : « Derrière le miroir » Vitrine & Bunker

Du 13 septembre au 5 octobre 2024

Galerie

127-129 rue Saint-Martin
75004 Paris

Vernissage : Vendredi 13 septembre 2024 – 18h00 > 21h30

Il est des oeuvres qui racontent des histoires. Il est des artistes qui s’affirment comme conteurs. Jonas Moënne (né en 1992) est de ceux-là. Peut-être que cette caractéristique trouve sa source dans le contexte qui l’a vu naître: le massif du Mont-Blanc. Un monde paysan, encore empreint de folklore et de croyances anciennes, où la nature immense enjoint l’homme à rester modeste et où les paysages constituent un défilé de sculptures démesurées.
Un univers profondément terrien et c’est cette terre, en tant que matière, que le plasticien a décidé d’explorer en s’installant à Bruxelles pour fréquenter La Cambre, après La Villa Arson à Nice. Au cours de ces études inscrivant résolument la pratique de la céramique et du verre dans l’art contemporain, Jonas Moënne a pris possession des médiums du feu avec la volonté de les emmener ailleurs, là où on ne les attend pas, dans une démarche puissante où l’alchimie côtoie le rêve éveillé.
Une invitation à porter un regard différent sur le monde, audacieux et décalé, et à penser autrement.
Estelle Spoto

Le chant des lucioles, 2024 

Mural en deux partie, céramique et porcelaine de recyclage, émail phosphorescent

Une nuit tachée d’étoile et de lucioles entourait la clairière. Ama pris la flamme que lui tendait son aîné.e et regarda le geste éternel transmit, glisser la braise dans l’amadou, le champignon qui soigne les plaies et qui couve le feu. La grande transhumance des nôtres, flamme en main, nous la vivons toujours et nous cherchons encore Ama et les siens des milliers de siècles plus tard. Peut-être que nos lumières modernes ont trop nourri nos peurs de l’obscurité et du temps qui file vers la nuit éternelle. Le chant des lucioles propose au spectateur un espace narratif apaisé, une ode poétique qui s’inscrit dans plusieurs espaces de temps et d’observation. Une partie de la pièce s’active chaque crépuscule. Un champ d’étoile et d’espoir dans la nuit de la Ville lumière. Derrière la vitrine, recouverte d’écorces de porcelaines et d’argiles, de champignon de bois nommé amadou, il y a un récit à subtiliser à la lumière artificielle. Cette proposition prend naissance dans l’histoire du feu et propose au spectateur d’aller vers d’autres lumières, en particulier celle de cet insecte phosphorescent qui a certainement croisé le fantasme des nôtres de s’éclairer dans la nuit il y a plus de 400 000 ans. Suivre le chant des lucioles, c’est revenir en arrière et accepter de prendre un temps de paix ensemble dans la nuit, pour écouter et rêver. Du feu naquit le moderne, du chemin des lucioles, un avenir.


Érosion, 2024 

Vidéo plan fixe

Érosion est une pièce vidéo en plan fixe. Elle illustre la réaction chimique de la cuisson de fossile à haute température. Une fois cuite, la pierre composée principalement de calcaire est transformée en chaux vive, matière fongicide qui réagit au contact de l’eau. Le fossile est une sculpture photographique de l’intemporalité de la vie sur terre, une empreinte censée être inaltérable. Le spectateur fasse au mouvement du fossile lors de son activation oscille entre poésie et sentiment de perte, comme un dernier chant du cygne. Un adieu en mouvement puis plus rien. Une colère presque, de détruire cette image, pilier de nos certitudes modernes. La pièce met effectivement en avant nos contradictions. Elle matérialise avec de l’affect sur la destruction silencieuse quotidienne de matières fossiles. Érosion, parle des origines de notre société moderne et de nous, de ces mouvements que nous devons à la vie pour demain.

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