Du 13 au 29 octobre 2023

Gratuit

Les recherches curatoriales d’Andy Rankin s’orientent à la croisée des pensées effondristes, eschatologiques et spéculatives, tout en s’intéressant particulièrement aux imaginaires liés aux désastres. Qu’il s’agisse d’un tremblement de terre reproduit de manière théâtrale, d’une exposition en poudre rappelant la finitude de toute chose ou d’une exposition mobile planquée pour un monde post-apocalytique, ses projets naissent avant tout d’une envie de se glisser dans des interstices de futurs possibles et d’expérimentation du format de l’exposition.

Claude Cattelain
1972 - Naît à Kinshasa
1999 - Démonte le châssis de ses toiles.
2000 - Réalise des constructions instables en bois.
2001 - Achète une caméra pour filmer ses échecs.
2004 - Fait sa première performance publique non préméditée. 2005 - Se suspend dans le vide.
2006 - Tourne sur lui-même de plus en plus vite.
2007 - Élève une colonne de blocs en partant du plafond.
2008 - Avance sur une ligne de blocs instables.
2009 - Réalise une vidéo par semaine pendant 65 semaines. 2010 - Dessine le contour de son corps avec la flamme.
2011 - Marche sur place dans le sable et s’y enfonce.
2012 - Élève inlassablement une structure instable.
2013 - Enfonce un piquet de sa taille dans le sol.
2014 - Marche sur place en comptant ses pas.
2015 - Repousse les vagues à l’assaut du rivage.
2016 - Tente de retenir le sable dans ses mains.
2017 - Superpose de grandes planches plaquées contre les murs. 2018 - Jette des poutres de bois sur le sol.
2019 - Recouvre son atelier de terre crue.
2020 - Laisse nager des poissons dans sa bouche.
2021 - Etend et cuit de l’argile issue d’un étang.
2022 - Finis et recommence ailleurs

Jessica Bardsley est une artiste-chercheuse américaine travaillant avec le cinéma, l’écriture et la pratique d’atelier. Ses films ont été projetés aux États-Unis et dans des festivals comme CPH:DOX, Sundance, Visions du Réel, EMAF, RIDM, True/False et sur la chaîne Criterion. Elle a obtenu différents prix, dont un Princess Grace Award, un grand prix à 25FPS, le prix Eileen Maitland au Ann Arbor Film Festival, le prix du meilleur court métrage à Punto de Vista et de nombreuses bourses du Harvard Film Study Center. Son premier long métrage, The Cave Without a Name, a été finaliste pour le Cinema College de la Biennale de Venise 2022-2023.

Ses recherches et ses écrits ont été soutenus par le Radcliffe Institute for Advanced Study, la Terra Foundation for American Art et la Henry Luce Foundation/American Council of Learned Societies. Elle a obtenu un doctorat en études cinématographiques et visuelles de l’Université Harvard et un M.F.A. de la School of the Art Institute de Chicago. Elle est professeure adjointe de cinéma expérimental et de médias à la Tisch School of the Arts de NYU

Julie Vacher met en scène les processus de transformation en jeu dans les rapports humains et non-humains, et entre les vivants et leurs environnements à l’ère où se côtoient le physique et le virtuel. Le champ de ses expérimentations touche à l’imaginaire écologique, au fantasme sanitaire ou encore à l’univers du travail. Son travail prend la forme de films, d’installations sonores et multimédia, de création web et radiophonique. Au travers d’une écriture poétique qui s’appuie sur le réel, ses récits hybrident le naturalisme et la synthèse, le documentaire et le spéculatif. Diplômée du Fresnoy-Studio National des Arts Contemporains en 2018 et des Beaux-Arts de Lyon en 2013, son travail sonore et filmique a été présenté lors d’événements d’art contemporain et de cinéma majeurs tels que le FID Marseille (Fr), le Digital Art Festival de Taïpeï (Taïwan), le Palazzo Grassi pour Helicotrema (IT), le Salon de Montrouge (Fr), la Biennale Musique en Scène (Fr), le FRAC Poitou-Charentes (Fr), l’American Documentary Film Festival (Californie, USA), la galerie Untilthen (Fr) , le Cinéphémère – FIAC Hors-les-murs (Fr), le SNIFF (Finlande).

En 2023, elle est lauréate de la Villa Kujoyama, Kyoto (Jp).

Artiste cinéaste vit et travaille à Paris et Aix-en-Provence Films en distribution à Light Cone.

Jérôme Cognet explore le support film autant que le cinéma et son histoire, en se situant là où « Il n’y a aucun témoignage de la culture qui ne soit également un témoignage de la barbarie » (Walter Benjamin). Ses films résonnent avec ce qu’on ne peut pas voir autrement que par l’image, du visible ou de l’invisible.

Gaya Goldcymer

L’artiste-plasticien Hans Op de Beeck vit et travaille à Bruxelles, où il a construit sa carrière au cours des vingt dernières années à travers des expositions internationales. Son œuvre se compose de sculptures, d’installations, de vidéos, de photographies, de films d’animation, de dessins, de peintures et d’écrits (nouvelles). Sa quête de la modalité la plus efficace pour véhiculer la teneur concrète de chaque œuvre détermine le média pour lequel l’artiste opte au bout du compte. L’échelle peut varier d’une petite aquarelle à une installation tridimensionnelle monumentale de 600 m2. Outre une large variété de médias, l’artiste fait délibérément usage d’une grande diversité de formes esthétiques, allant d’un langage visuel économe, minimaliste à des créations surchargées, exubérantes, dans un souci constant d’articuler le contenu de l’œuvre avec le plus de précision possible.

(…) Hans Op de Beeck est un créateur d’intermondes. Ses œuvres, suspendues entre passé et futur, fiction et réalité, sondent un univers contemporain aux allures de mirage, vertige sensoriel où le familier côtoie l’étrange. Nourri de littérature et de cinéma, l’artiste incarne ses visions dans un modèle combinatoire et scénographique. De l’installation à la sculpture, de la vidéo au film d’animation, de l’écriture de nouvelles à la peinture et au dessin, de la photographie à la matière sonore, les médiums qu’il emploie semblent tous converger vers la définition d’un topos : un théâtre mental, qui projette le spectateur dans une expérience réflexive, sociale et culturelle, pensée intime de la condition humaine.

Eva Prouteau

Edith Dekyndt est née en 1960 à Ypres en Belgique. Elle vit et travaille à Bruxelles et à Berlin. Elle est représentée par la Galerie Greta Meert à Bruxelles, la Galerie Carl Freedman à Margate (UK), la Galerie Konrad Fischer à Berlin et la Galerie Karin Guenther, Hambourg. Le travail d’Edith Dekyndt a été exposé dans des institutions et expositions internationales.

Ses œuvres sont présentes dans des collections publiques et privées telles que le Centre Pompidou, Moma (New York), Köln Skulptur Park (Allemagne), Crandford Collection (Londres), Albright-Knox Collection (New York), Centre national des arts plastiques (Paris), Fondation Pinault (France), Buffalo Museum, USA, Cadic Collection (Pays-Bas), FRAC Picardie, Lorraine, Bretagne, Pays de la Loire, Alsace, Franche Comté et Réunion (France), Province du Hainaut, Collection Fédération Wallonie-Bruxelles et la Collection d’art flamand en Belgique.

Edith Dekyndt a été artiste en résidence au Banff Centre for Arts, Canada, 2004, University of Manitoba, Winnipeg, Canada, 2006, Program Gallery, Berlin, 2007, Frac Réunion, France, 2009, University of Nijmegen, Netherland, 2011, Université de Hasselt, 2012, Akumal Artist Residency, Mexique, 2012 Ne’-Na Artspace, Chiang Mai, Thaïlande, 2013 et 2014, DAAD Künstlerprogramm, Berlin, 2015-2016, Fondation Pinault, Lens, 2017. En 2019, elle reçoit le Prix d’art Finkenwerder.

Né à Naples en 1967, Francesco Jodice vit à Milan. Après des études d’architecture, depuis 1995, à travers la photographie et la vidéo, il explore la ville, le paysage social, les phénomènes anthropologiques urbains. C’est notamment le cas dans la trilogie cinématographique Citytellers et dans sa sé- rie The secret traces. Ses projets visent à construire un terrain d’entente entre l’art et la géopolitique. Il présente la pratique artistique comme une forme de poétique civile. Enseignant à la Nuova Accademia di Belle Arti à Milan, il a également compté parmi les fondateurs des collectifs Multiplicity et Zapruder. Francesco Jodice a participé à de grandes expositions collectives telles que Documenta, la Biennale de Venise, la Biennale de São Paulo, la Triennale de l’ICP à New York, la 2e Biennale de Yinchuan, et a exposé son travail au Castello di Rivoli (Turin), à la Tate Modern (Londres) et au Prado (Madrid). Ses œuvres les plus récentes — Atlante, American Recordings, West et Rivoluzioni — explorent l’avenir du monde occidental.

Francis Alÿs (belge, né en 1959 à Anvers) est un peintre et un artiste conceptuel, surtout connu pour ses performances de grande envergure qui abordent les thèmes sociaux et politiques liés à l’environnement urbain. Alÿs étudie l’architecture à l’Institut d’Architecture de Tournai en Belgique et à l’Istituto Universitario di Architettura de Venise, où il obtient son diplôme en 1986. La plupart de ses œuvres se trouvent à Mexico City – il y vit pendant plus de 20 ans – notamment son projet Sometimes Making Something Leads to Nothing (1997), pour lequel il traîne un bloc de glace à travers les rues de Mexico City jusqu’à ce qu’il fonde. Alÿs cherche à créer des métaphores de corps en mouvement. Pour When Faith Moves Mountains (2002), Alÿs, aux côtés de 500 volontaires, tente en vain de déplacer de 10 cm. une dune de sable près de Lima au Pérou. En 2005, dans le cadre de son projet The Green Line, Alÿs traverse Jérusalem avec une boîte dont s’échappe de la peinture verte, en suivant la ligne créée lors de l’armistice après la guerre israélo-arabe en 1948. Il travaille la vidéo, la peinture, le dessin et la photographie. La série Le temps du sommeil (1995) est composée de petites peintures qui font écho aux projets à grande échelle et renforcent la qualité onirique qui caractérise l’ensemble de son travail.

Le travail d’Alÿs est exposé dans des institutions telles que la Tate Modern de Londres et le MoMA de New York et il participe aux Biennales de Venise en 1999, 2001 et 2007. Il est représenté par la galerie David Zwirner à New York et la galerie Peter Kilchmann à Zürich.

Il vit et travaille à Mexico City.

Depuis ses études à la Villa Arson dans les années 90, Michel Blazy travaille avec des matériaux organiques et s’intéresse à la beauté de la décomposition et aux possibilités poétiques du temps qui passe, car il laisse ces matériaux se détériorer au cours de leurs présentations. Jusqu’à présent, le répertoire de l’artiste comprend une grande forme de champignon faite entièrement de nouilles de soja, des sculptures faites de moitiés d’orange pressées, des peintures de purée de pommes de terre et de betteraves, des peintures de pizza et des sculptures de pâtes, ainsi qu’une grotte sculpturale sur laquelle des haricots mungo ont germé et poussé pendant la période d’exposition. En ouvrant l’environnement contrôlé du musée à l’imprévisibilité des processus naturels, en créant ainsi une expérience multi-sensorielle et en constante évolution à mesure que ces matériaux périssables changent physiquement, les installations de Blazy encouragent le public à remettre en question les notions de répulsion et de dégoût et à repenser nos hypothèses sur la beauté esthétique.

Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques dont le Musée national d’art moderne–Centre Pompidou, France ; le Museum of Old and New Art (MONA), Tasmanie ; le Musée d’art moderne de Paris, France ; le Nouveau Musée National de Monaco et une dizaine de fonds régionaux d’art contemporain en France (FRAC). Plusieurs expositions lui ont été consacrées : Multiverse, La Loge, Brussels (2019) ; We Were The Robots, Moody Center for the Arts, Houston, TX (2019) ; Michel Blazy, Villa Sauber, Nouveau Musée National de Monaco, Monaco/MC (2017) ; Living Room II, Maison Hermès, Tokyo (2016), Pull Over Time, Art : Concept, Paris (2015) ; Bouquet Final 3, National Gallery of Victoria, Melbourne White Night (2013) ; Post Patman, Palais de Tokyo, Paris (2007) ; CCAC Wattis Institute for Contemporary Art, San Francisco/US, curator : Ralph Rugoff (2003); Univers en expansion : Le clos des chutes : La chute des colonnes, Museo de las Artes, Guadalajara, Mexique/MX (2000) ; The life of things, Correct Contemporary Exhibitions, New York/US, invité par Heidi Zuckerman-Jacobson (1998) ; La vie des choses, ARC, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris/FR, invité par Hans Ulrich Obrist (1997). Le travail de Michel Blazy a fait partie de l’exposition Viva Arte Viva, curatée par Christine Macel lors de la Biennale di Venezia 2017.

Olivier Sévère (1978) vit et travaille à Paris, diplômé de l’Ensba en 2002.

(…) Olivier Sévère sculpte la matière minérale pour en révéler le potentiel de singularité. Au seuil du naturel et de l’artificiel, ses œuvres jouent sur la collision entre processus physiques et imaginaires pour sortir le monde lapidaire de sa prétendue inertie. (…) Entre réalisme documentaire et naturalisme poétique, le plasticien mobilise tous les ressorts du « fantastique naturel » évoqué par Roger Caillois pour décrire l’écriture mystérieuse des pierres, dont l’aspect biomorphique contredit magiquement la nature inanimée.

Florian Gaité

Progressivement, la pierre est devenue son principal sujet de réflexion. Sur le mode de la reconstitution il lui donne corps dans une collection de fragments cristallins semblables à des minéraux, défie l’ordre naturel par la démultiplication artificielle d’un caillou, ou questionne l’origine végétale du marbre et la création des massifs montagneux dans un paysage émergent du sol de la cathédrale de Lausanne. Doucement la vidéo va s’immiscer dans sa pratique et venir étendre et prolonger ses recherches en introduisant l’image et une certaine forme de narration.

Ses expositions puis ses résidences dans un premier temps en France se développent aujourd’hui à l’étranger. En 2015 en résidence au Musée national d’art moderne et contemporain de Corée à Séoul, en 2016 en résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto, puis en 2019 à la villa Salammbô à Tunis. Après deux dernières expositions personnelles au Musée de la Chasse et de la Nature puis au Musée du Moyen-Âge à Paris en 2017, une nouvelle exposition personnelle, Oasis, vient d’avoir lieu au Centre d’Art La Maréchalerie à Versailles ainsi qu’un duo show, mA, au Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget suite à une double résidence avec l’artiste Charlotte Charbonnel.

La fin du monde ne me concerne pas, je peux tout à fait vivre sans lui.
Ralph Waldo Emerson

4,5 milliards d’années

L’analogie est connue : si l’on réduit proportionnellement la durée de l’existence de l’univers à une journée de 24 heures, le big-bang se produit à minuit et une seconde, la planète Terre se forme aux alentours de 16:00 et l’humanité n’apparaît qu’à 23:59:59. Perdu dans cette vaste échelle temporelle, nous ne sommes pas grand-chose, mais nous avons toutefois le pouvoir de bouleverser durablement l’équilibre planétaire. Cette sélection d’art vidéo rend ainsi hommage au blockbuster le plus invraisemblable jamais produit ; un film long de plus de 4,5 milliards d’années: le biopic de notre planète. Le synopsis est des plus alléchant : recomposition perpétuelle et silencieuse des continents, des montagnes et des océans; extinction du vivant à répétition; explosions magmatiques et tremblements rocheux. Un temps géologique qui dépasse de loin tout entendement humain, et qu’aucune âme ne sera jamais capable d’éprouver du début à la fin. Une force immuable qui est à l’origine de tout ce que nous voyons, et qui nous survivra si nous continuons à habiter le monde tel que nous le faisons aujourd’hui. La première image animée jamais produite est mentale et intime. Quiconque a déjà fixé un objet immobile durant un temps long a pu vivre cette sensation de tremblements qui agite notre vue. Au bout d’un certain temps, la réalité observée semble prise de spasmes rétiniens, d’oscillations optiques, comme autant de persistances visuelles perturbées. Plaisir fugace qui disparaît aussi vite que l’on se frotte les yeux ou que l’on meut notre pupille. Sans doute est-ce cette distraction que cherchaient certains esthètes japonais en s’entourant de suisekui. Ces fragments de roches sinueuses montés sur socles sont érigés au rang d’œuvre d’art. Ils rappellent un paysage escarpé et sont longuement examinés lors de séances de méditation. Ces rochers sont un condensé de paysage, un résumé de notre longue histoire minérale. Peut-être est-ce pour ces mêmes qualités que certains artistes de cette sélection ont fait de la roche l’héroïne de leurs vidéos. Qu’elle soit sculptée, parlante ou errante, la roche est le témoin de temps immémoriaux et primitifs. De l’autre extrémité de la flèche du temps, dans l’ultime seconde du cadran, apparaît le genre humain. Si les générations qui nous ont précédées sont celles des pyramides, murailles et cathédrales, la nôtre est celle des polymères, pesticides et autres perturbateurs endocriniens. Nos sols sont pollués, nos écosystèmes déréglés, nos paysages balafrés, mais nous poursuivons notre existence dans un système capitaliste, extractiviste et dominant comme si de rien n’était. Une insoutenable inaction qui est à l’origine de certaines vidéos présentées ici. Si nous sommes hélas trop nombreux à regarder ailleurs, ces artistes nous mettent face à la réalité d’un monde détruit ou sur le point de l’être. D’autres artistes nous montrent ce que bientôt ne sera plus, dans des séquences d’une merveilleuse simplicité végétale. L’horloge de l’Apocalypse tente de nous prévenir de l’imminence de la fin des temps. Sur ce cadran, elle est programmée pour minuit. Les aiguilles reculent ou avancent en fonction de l’imminence des dangers existentiels de notre espèce. Le conseil scientifique qui en a la charge la met régulièrement à jour. A l’heure où ces lignes sont écrites, elle affiche 23:58:30, suite à la guerre en Ukraine et à l’approche de catastrophes écologiques. Il ne nous reste ainsi plus que 90 secondes symboliques pour jouir des plaisirs terrestres. Que ces ultimes secondes soient celles de 25 arts seconde !

Andy Rankin
Commissaire

Vidéo Hebdo 20
Claude Cattelain
2009
Pal 4/3 - couleur et son - 25 sec

Vidéo Hebdo 20 est une vidéo issue de la série des 65 Vidéos Hebdos dont le protocole était de réaliser une vidéo courte par semaine.

Ici une petite animation avec un pissenlit qui se dénude et se rhabille.

Vidéo Hebdo 35
Claude Cattelain
2009
Pal 4/3 - couleur et son - 48 sec

Vidéo Hebdo 35 est une vidéo issue de la série des 65 Vidéos Hebdos dont le protocole était de réaliser une vidéo courte par semaine.

Ici, lors d’une marche en montagne, photographier chaque balise jaune apperçue dans le paysage, qu’elle soit proche ou éloignée, mais toujours au centre de l’image. Au Studio, classer toutes ces images de la balise la plus petite à la plus grande. Faire une animation de ces images accompagnée du son de guimbarde que je jouais lors de mes haltes sur les rochers.


The Making and Unmaking of the Earth
Jessica Bardsley
2018

The Making and Unmaking of the Earth se tourne vers la géologie, qui devient une sorte de réceptacle métaphorique et psychique des états émotionnels des femmes d’un côté et des expériences incarnées de la douleur physique de l’autre.

En combinant des images d’archive de phénomènes géologiques avec des entretiens qui décrivent des expériences mystérieuses de douleur physique et émotionnelle, le film va chercher dans la terre une image de ces choses que l’on enfouit profondément à l’intérieur de soi et qui finissent par s’exprimer à travers la géologie du corps.


Chimère song
Julie Vacher
2023
1998x1080, H264, stéréo

Au-dessus des estrans et des prés salés de la baie de la Fresnaye en Bretagne, un oiseau-mécanique survole les marées d’algues vertes. Son regard rase les sols sableux recouverts d’une masse visqueuse et protéïforme. Sa voix fait le récit du paysage à travers une ode à la marée verte. Inspiré de la Bernache-Cravant, oiseau qui se nourrit des algues vertes, le point de vue est en suspension et traverse les époques.

Parallèlement, des radiographies numériques de la marée verte, être vivant hybride mi-naturel mi-pollué, sont générées par les technologies de modélisation 3D photogrammétriques à petite et à grande échelle. Progressivement, la chimère contemporaine prend vie.


Le soleil tout entier ne se trouve nulle part
Jérôme Cognet
2020-2021
4K, couleur-n&b , sonore, 12min. 11sec.
Avec le soutien de la résidence ATELIER 105

Inspiré de la nouvelle d’Isaac Asimov Quand les ténèbres viendront, ce film évoque l’anxiété et l’hystérie d’une civilisation qui n’a jamais connu la nuit, face à l’agonie progressive des soleils qui composent son système solaire.

Les images de Le Soleil tout entier ne se trouve nulle part sont issues de plans de films narratifs existants où le soleil est principalement mis en avant, et dont toute forme humaine a été effacée en post-production. Ce film est organisé sur des variations colorimétriques ainsi qu’une décroissance de la luminosité du soleil selon la nouvelle d’Isaac Asimov.

La bande son est issue des captations sonores de l’énergie produite par les vents solaires capturées par la sonde Parker Probe de la NASA.


Loss
Hans Op de Beeck
2004
Video: DVCAM transferred to DVD
11’

Dans son premier film d’animation entièrement numérique pour l’installation Loss, Hans Op de Beeck offre au spectateur l’étrange vue d’un paysage de parcs de la fin du XIXe siècle et d’une imposante architecture urbaine en évolution constante. Ces visions et bâtiments mystérieux et obscurs se transforment progressivement en paysages apocalyptiques, dévastés et boueux avec une nature et des maisons détruites, inspirés par des images de la région côtière belge de l’après Première Guerre mondiale.

L’environnement sonore du film est aliénant, toutes sortes de sons ambiants y sont mélangés avec des voix (par exemple, la voix d’une jeune femme disant au revoir à son amant et la voix d’une vieille femme chantant de façon douce et poignante à la fois).


Provisory Object 03
Edith Dekyndt
2004

Comme dans les deux autres œuvres de la même série, Provisory Object 01 et Provisory Object 02, cette vidéo de Dekyndt montre la membrane d’une bulle de savon, dans ce cas tendue entre le pouce et le doigt d’une main. Selon la façon dans laquelle la lumière intervient dans l’image, les couleurs et les formes apparaissent dans les reflets de sa surface ; de temps en temps, une goutte tombe et, après deux minutes, la « bulle » éclate enfin.

Malgré la banalité et la simplicité de ce scénario, la fluidité de la membrane de savon prend une dimension poétique et métaphorique dans l’œuvre de Dekyndt – rappelant l’instabilité des relations sociales et la précarité de la place de l’homme dans le monde. La vidéo a été enregistrée à Kinshasa, et par conséquent le geste qu’elle présente suggère d’autres couches de sens ; la bulle devient un joyau ou un trésor, une métaphore pour les richesses enfouies sous le sol dans la région et les mains semblent en attente d’entasser cette sorte d’objet précieux, pour le garder avant qu’il ne disparaisse dans l’air.


Atlante
Francesco Jodice
2015
HD, 9’, 2015

L’Atlas de Farnèse, la célèbre sculpture du IIème siècle avant JC exposée dans la Sala della Meridiana du Museo Archeologico Nazionale di Napoli, porte sur ses épaules un globe représentant la voûte céleste : il s’agit probablement de la première et seule représentation des constellations de l’astronome Hipparque de Nicée encore existante.

Les images du Titan tenant sur ses épaules le poids insoutenable de l’univers tout entier pour l’éternité apparaissent en alternance avec des images d’archive de la Première Guerre mondiale, de la vie dans la banlieue américaine des années 1950, de publicités américaines des années 1980…
Le film agence clichés et contradictions de l’histoire du siècle dernier, déclenchant une réflexion sur le déclin de l’Occident.

Atlante est le premier chapitre d’une trilogie vidéo – avec Recordings (2015) et Rivoluzioni (2019) - que Francesco Jodice dédié au siècle américain.

La sélection minutieuse d’un riche kaléidoscope social se termine avec une citation du jeu vidéo dystopique Deus Ex : Human Revolution, “ ‘It is not the end of the world, but you can see it from here’.


Cut
Francis Alÿs
2015
Mexico City, Mexico ; 1:03 min
En collaboration avec Julien Devaux & Rafael Ortega

Cut est un récit de négociation - une démonstration de la relation entre l’action et la peinture, Alÿs est intervenu dans la Collection MALBA avec ce tableau coupé en deux.


Le Multivers
Michel Blazy
2002
1998x1080, H264, stéréo

Le Multivers fait partie d’une trilogie de films de Michel Blazy (Voyage au centre / Green Pepper Gate / Le Multivers). Les trois vidéos, réalisées entre 2002 et 2003, proposent une véritable plongée au cœur de la matière (poivrons, tomates, fécules de pommes de terre, pain…), nous permettant presque de la « toucher des yeux ». Référence aux prises de vue du cinéma de science-fiction, les mouvements de caméra sont volontairement subjectifs, comme ceux d’un œil qui observerait différents paysages inconnus et fantastiques. La caméra frôle les moisissures, rencontre les antennes d’un escargot ou des larves de moucherons. L’image capte ces transformations de l’intérieur et témoigne en temps réel de ces modifications. Le spectateur se retrouve ainsi immergé au cœur du vivant.

Cet aspect est constitutif de la recherche empirique de Michel Blazy qui utilise des matériaux périssables - issus du monde végétal et animal - et donc intrinsèquement vivants. Son approche semble vouloir revenir au degré zéro de la vie et révéler un système qui s’auto-organise et s’autoreproduit (autopoïèse) dans son milieu.

« La seule chose que le travail revendique, explique l’artiste, c’est sa propre existence. […] Mon modèle de fonctionnement serait plutôt l’insecte : sa manière de produire une architecture avec ce qui l’entoure, l’efficacité avec laquelle s’articulent la forme, la fonction et l’environnement. » [Propos de Michel Blazy dans Crash, hors série Art, 2000, p. 22–23.]

Le titre du film témoigne d’une conception de l’art comme « multivers » (terme qui a servi de titre à plusieurs de des expositions de Michel Blazy). Cette approche répond à l’idée que notre perception de notre environnement est tributaire des relations temporaires et instables que nous entretenons avec lui ; dès que celles-ci sont altérées, la perception de l’espace qui nous entoure l’est aussi.


Laps
Olivier Sévère
2018, Video HD, 6’03’’ minute, en boucle
Film réalisé en marge d’une résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto au Japon.

Un laps exprime un espace-temps souvent plutôt de courte durée. Ce montage d’images de pierres s’enfonçant progressivement et infiniment sur elles-mêmes intrigue. Rien ne nous indique qu’il s’agit d’un processus artificiel, mais cela ne ressemble pas non plus à un quelconque événement géologique naturel, en revanche ce mouvement perpétuel est à l’image de ce que l’on ne peut voir : les mouvements tectoniques profonds qui sont à l’origine même de la formation de nos continents depuis des millions d’années, laps de temps dont l’échelle échappe en général à l’homme.

Michel Blazy - Le Multivers - ©Michel Blazy

Julie Vacher - Chimère Song - ©Julie Vacher

Edith Dekyndt - Provisory Object 03 - ©Edith Dekyndt

Jessica Bardley - The making and unmaking of the earth - ©Jessica Bardley

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