25 Arts Seconde # Volet Cyberespace
Après des études de philosophie, Mathilde Roman obtient un doctorat en arts et sciences de l’art à l’Université Paris 1 Sorbonne. Elle est l’auteur de plusieurs essais : Habiter l’exposition. L’artiste et la scénographie, éd. Manuella 2020, On stage. La dimension scénique de l’image vidéo, éd. LEGAC PRESS, 2012 et Art vidéo et mise en scène de soi, éd. L’Harmattan, 2008. Elle a aussi co-dirigé l’ouvrage Corps et images. Œuvres, dispositifs et écrans contemporains, éd. Mimésis, 2017. Elle est professeur d’histoire de l’art et des expositions au Pavillon Bosio, Art&Scénographie, Monaco depuis 2006. Critique d’art, elle collabore régulièrement avec L’Art Même, 02, Switch(onPaper) et a collaboré dans le passé avec Mouvement, Artpress, lacritique.org.
Elle fait partie d’AICA France et a rejoint le bureau d’AICA International en tant que trésorière en 2016. Elle participe à et organise aussi des programmes universitaires, colloques, journées d’étude et publications. Elle mène également des projets de commissariat: Danse, Danse, Danse (avec B. Laugier), Nouveau Musée National de Monaco, 2016, Plein écran (avec B. Laugier), La Station, Nice, 2016, MOVIMENTA (avec M. Barani), Biennale de l’image en mouvement à Nice, 2017, Performance TV, Maison d’Arts Bernard Antonioz, Nogent-sur-Marne, 2018, Halida Boughriet Implano de Arisana, Le 109, Nice, 2021.
Utilisant à la fois la vidéo, le dessin, la tapisserie, la céramique, la photographie, la performance et, par-dessus tout, le langage, Laure Prouvost crée des installations immersives qui plongent le spectateur dans un état d’introspection personnelle et collective. Les mots, les images, les souvenirs, les cinq sens, tout ce qui nous paraît tangible et fiable est âprement tourmenté par le fantastique des récits à double sens introduits par l’artiste. Facétieuse et pleine d’humour, sa relation au langage se nourrit de sa propre expérience et du décalage entre la langue parlée au quotidien, en Angleterre, et la langue maternelle.
À travers ces va-et-vient, l’artiste interroge largement notre histoire culturelle et ce qu’il en reste au fil des déplacements ou des générations. En proposant un travail particulièrement novateur, singulier et organique, Laure Prouvost développe dans son œuvre une trame narrative cohérente et pénétrante, dont le fantasque et l’humour ne sont pas les seules ressources. Archiviste d’images, d’objets, de mots, d’artisanats, de fictions et de documents, elle rançonne le flux quotidien d’images et de textes qui nous assaille pour isoler les prodigieuses associations et combinaisons qui serviront en particulier ses histoires et la chronique de son œuvre en général.
Au travers d’une approche approximative et peu scrupuleuse des principes de la traduction, une facilité déconcertante à traiter les notions d’apparence, d’hypothèse et d’ambiguïté dans les mythologies montées de toutes pièces qu’elle nous donne à voir et l’idée indicative qu’un drame, une défaillance ou un échec est toujours possible, Laure Prouvost construit méthodiquement une œuvre consistante et nécessaire. Et si elle se joue des effets de ces incidences et accidents, la perspective bien réelle d’un monde idéal se laisse entrevoir dans la générosité qu’elle apporte à son travail, comme au travers de fantaisies et de gaietés jamais affectées.
lefresnoy.net/fr/ecole/artistesprofesseurs-invites/laure-prouvost
Élise Guillaume (1996) est une artiste et réalisatrice belge dont le travail explore notre relation complexe avec la nature. Intéressée par les connexions au sein de nos (éco) systèmes, elle utilise plusieurs écrans pour créer des récits contrastés et s’interroger sur ce que signifie être humain à une époque de crise et d’extinction. Le corps est un élément clé de son travail : il devient un récipient pour interpréter les êtres vivants qui forment notre monde naturel. Dans cette optique, le corps devient un point de rencontre entre le spectateur et le sujet, afin d’encourager le discours sur la parenté multi-espèces.
Eva Giolo croise films, vidéo et installations dans sa pratique artistique. Son travail a été exposé à Sadie Coles HQ (Londres), à WIELS et à BOZAR (Bruxelles), au MAXXI (Rome), au GEM (La Haye), au M HKA (Anvers), à la Kunsthalle (Vienne), à Palazzo Strozzi (Florence) et dans des festivals de cinéma de renom tels que Rotterdam, Viennale, FIDMarseille, Cinéma du Réel… Elle est également membre fondatrice de la plateforme de production et distribution Elephy.
elephy.org/profiles/eva-giolo
Laëtitia Bourget (1976, La Rochelle) vit à Néons sur Creuse et travaille au Blanc. Depuis 1997, elle développe une activité artistique mettant en relation expérience de vie humaine, implantation dans un environnement, contexte social et cycles de vie, à travers des formes variées de production (vidéo, photo, édition, installation, sculpture, dessin, intervention in situ, écriture…). Elle débute son parcours artistique en 1997. Son travail trouve très vite une visibilité à travers la circulation de ses monobandes dans les programmations et festivals d’art vidéo internationaux. Ses œuvres sont exposées internationalement dans des galeries, des institutions comme des espaces alternatifs, et font partie de collections publiques et privées en France et ailleurs.
Laurie Charles vit et travaille à Bruxelles. Elle est une «storytelleuse» visuelle et textuelle, qui écrit et peint sur des grandes toiles des narrations spéculatives. Elle réalise des vidéos où elle mêle folklores, sciences humaines, histoires et récits de l’histoire avec une perspective féministe. Chaque projet est l’occasion d’une recherche approfondie dans laquelle elle rassemble des éléments épars dans un récit fictionnel. En raison des changements survenus dans son propre corps (maladie autoimmune) elle a depuis quelques années développé un travail d’auto-fiction.
Elle a ainsi entrepris de réécrire une histoire alternative de la médecine à celle qui a été gravée où il est question de soin, de cycles, de désastre écologique, de guérison. Dans ses œuvres textiles peintes, elle représente la partie invisible du vivant (cellules intérieures du corps, artères, veines et matériaux microbiens) et explore ces représentations de l’intérieur du corps de manière caricaturale, exagérée, pop et immédiatement reconnaissable.
Ces sculptures domestiques s’inscrivent dans sa pratique artistique comme des accessoires prêts pour un film à tourner ou une performance, et ils fournissent la toile de fond pour des scénarios potentiels illimités.
Son travail a récemment été montré à Terzo Fronte - Rome, Wiels - Bruxelles, Efremidis Gallery - Berlin, Grazer Kunstverein - Graz, CIAP Kunstverein - Hasselt, 1646 – Project space for contemporary art - La Haie, Nanjing International Art Festival - Nanjing, Beursschouwburg - Bruxelles, Komplot - Bruxelles et Le Commissariat - Paris.
Née en 1960 à Ypres en Belgique, Edith Dekyndt vit et travaille à Tournai. Vidéaste, dessinatrice et sculptrice, son travail procède d’une observation méticuleuse des forces naturelles et des phénomènes physiques qui se produisent quotidiennement sans pour autant être perceptibles. L’objectif de ses expérimentations n’est pas scientifique, il s’agit pour l’artiste de mettre en place des figures de contemplations et de réflexions.
Face à son œuvre, le spectateur se retrouve confronté aux carences de sa propre perception visuelle et doit se retourner vers l’émotion, l’intuition et l’imagination. Essentielle à la structuration du sens, la composante imaginaire peut être liée à certaines stratégies conceptuelles à travers lesquelles une œuvre d’art se complète dans l’expérience et les pensées de son audience.
Le travail d’Edith Dekyndt a été présenté dans plusieurs grandes institutions internationales, notamment lors d’une exposition personnelle au Mac’s du Grand’Hornu en Belgique (2010) ou des expositions collectives au Moma de New York (2010), au Printemps de Septembre de Toulouse (2011), à la Kunsthalle de Vienne ou à la 5e Biennale de Moscou. Ses œuvres sont présentes dans plusieurs collections publiques, dont le Moma de New-York, et le Witte de With de Rotterdam.
Messieurs Delmotte, vit et travaille à Bruxelles. Auteur de perfomances, vidéos et d’installations diverses : dessins géants, objets détournées, danses, œuvres multimédia. Ces dernières ont notamment été présentées au Musée d’Art Moderne de Philadelphie, au New York Underground Festival, au MUHKA d’Anvers et au Musée national centre d’art Reina Sofía à Madrid entre autres.
Driant Zeneli (1983, Shkoder, Albania) vit entre Milan et Tirana. En 2011 et en 2019 il a représenté le Pavillon Albanais lors de la 54ème et de la 58ème Biennale de Venise. En 2017 il a remporté le Prix MOROSO et en 2009 le Prix du jeune artiste européen Trieste Contemporanea. En 2008, il a remporté le Prix international d’art contemporain Onufri, Tirana. Il a été directeur artistique de Mediterranea 18, la Biennale des Jeunes Artistes d’Europe et de Méditerranée, qui s’est déroulée pour la première fois en 2017 entre Tirana et Durrës. Il est co-fondateur de Harabel Contemporary Art Platform, Tirana. Il a exposé à: Teatrino Palazzo Grassi, Venise (2021); 39ème Biennale internationale EVA, Limerick (2020); Israeli Center for Digital Art, Holon (2020); National Gallery of Republic of Kosove, Prishtinha (2019); Sharjah Art Foundation, Film Platform, (2019); Latvian Centre for Contemporary Art, Riga (2019); Autostrada Biennale, Prizren, Kosovo (2019); GAMEC, Museum of Modern and Contemporary Art, Bergame (2019).
Il exposera prochainement lors de Manifesta 14 / Prishtina (été 2022).
Laure Cottin Stefanelli est une artiste visuelle et une cinéaste. À travers ses films, ses photographies et ses installations, elle poursuit une recherche autour de récits centrés sur des personnages habités de tensions paradoxales - pulsions de vie, de mort, érotiques - celles qui résultent de la séparation entre l’esprit et le corps.
Laure Cottin Stefanelli a étudié la littérature et le cinéma à l’Université Paris III et a été diplômée en Photo-Vidéo de l’École des Arts Décoratifs de Paris.
Elle a exposé et participé à des festivals à travers la France et à l’étranger, dont WIELS - Centre d’art contemporain (Bruxelles, BE) ; FOMU – Fotomuseum (Anvers, BE) ; États Généraux du Film Documentaire (Lussas, FR) ; KANAL – Centre Pompidou (Bruxelles, BE) ; Belo Horizonte International Short Film Festival (BR) ; Kasseler Dok Festival (Kassel, DE) ; Moscow Biennale (RU), Art Brussels (BE) ; FIDMarseille (FR) entre autres. Son premier moyen métrage, No blood in my body a reçu le prix du film court aux Écrans Documentaires d’Arcueil (FR). Elle a effectué plusieurs résidences à l’étranger dont le Hoger Instituut Voor Schone Kunsten, HISK (BE).
Enrique Ramirez vit et travaille à Paris et à Santiago (Chili).
Il a étudié la musique populaire et le cinéma au Chili avant de rejoindre en 2007 Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains (Tourcoing, France). En 2013 il a remporté le prix des Amis du Palais de Tokyo, Paris. En 2014, il remporte le prix Loop fair, Barcelone. Il a notamment exposé au Palais de Tokyo, au Centre Pompidou, à l’Espace Culturel Louis Vuitton, Paris, à la IX Bienal international d’art (Bolivie) ; au Museo Amparo, Puebla (Mexique); au Musée de la mémoire, Santiago (Chili); au Centre Culturel MATTA, Buenos Aires (Argentine) et au Grand Café à Saint-Nazaire (France). En 2017, il est invité par Christine Macel à participer à l’exposition «Viva Arte Viva» de la 57ème exposition internationale de la Biennale de Venise.
Ramirez a été nominé au prix Marcel Duchamp en 2020. Son travail combine la vidéo, la photographie, le son, les installations et les récits poétiques. Enrique Ramirez aime les histoires à tiroirs, les fictions chevauchant les pays et les époques, les mirages entre songe et réalité. Son œuvre se concentre sur la forme vidéographique et les installations : c’est souvent par l’image et le son qu’il construit ses intrigues foisonnantes et s’insinue en équilibre entre le poétique et le politique.
Son imaginaire gigogne s’arrime dans un élément obsessionnel – il pense à partir de la mer, espace mémoriel en perpétuel mouvement, espace de projections narratives où s’entrecroisent le destin du Chili et les grands récits liés aux voyages, aux conquêtes, aux flux migratoires. Liquides, ses images disent le miroitement d’une vérité toujours fuyante, le ressac de l’Histoire, toujours la même, jamais pareille.
Il est représenté par la galerie Michel Rein (Paris / Bruxelles) et par la galerie Die Ecke (Santiago).
Une sélection de films d’artistes signée par Mathilde Roman, en ligne sur 25artsseconde.cwb.fr.
- Laure Prouvost, Four For See Beauties
- Elise Guillaume, Inside Outside
- Eva Giolo, Flowers Blooming in Our Throats
- Laëtitia Bourget, Se laisser enseigner
- Laurie Charles, Begonia
- Messieurs Delmotte, One to One
- Driant Zeneli, No Wise Fish Would Escape without Flying
- Laure Cottin Stefanelli, Thimothy
- Enrique Ramirez, LAUSO LA MARE E TENTE’N TERRO
Cliquez ici pour lire la note d'intention de la curatrice de la sélection Mathilde Roman.