Du 13 au 29 octobre 2023

Galerie

127-129 rue Saint-Martin
75004 Paris

Horaires exposition :
Lundi - mardi - mercredi - vendredi : 11h00-19h00
Jeudi : 13h-21h
Dimanche : Fermeture
Visite de groupe sur rendez-vous : reservation@cwb.fr

Anarkhè-exposition
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Abraham Poincheval
Amelie Bouvier
Barbara Leclercq °
Billy Bultheel °
Bertrand Planes °
Boris Dambly °
Carlotta Bailly-Borg
Darius Dolatyari °°
Douglas Eynon °
Elodie Antoine
Ethel Lilienfeld
Fabienne Francotte
Félicie d’Estienne d’Orves
Hugo Servanin
Johan Muyle
Kurt D’Haeseleer
Léo Luccioni
Magali Daniaux & Cédric Pigot
Maarten Vanden Eynde
Max Sister
Mehryl Ferri Levisse °°
Nicolas Montgermont & Cécile Beau
Nicolas Kyrillou °
Pierre Renucci °
Raymond Delepierre °
Sarah Caillard
Shivay La Multiple °°
SKALL
Tatiana Wolska °
Vivien Roubaud
Woody Vasulka

Frankensteinisation de l’anarkhè-exposition : Frédéric Coché

° Créations In-Situ
°° Traces de performances


Volet sonore & radiophonique #(((INTERFERENCE_S)))
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Bambi OFS
Jeanne Cousseau
Némo Camus
Lou Galopa
Sara Dziri
Shoko Igarashi
Soumaya Pheline
Roméo Poirier


Volet PERFORMANCES / SURGISSEMENTS
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Darius Dolatyari-Dolatdoust
Eric Androa Mindre Kolo
Gérald Kurdian
Jenny Abouav
Jhaya Caupenne
Maxence Obein
Mehryl Ferri Levisse
MELANIN
Señora Serpiente
Shen Özdemir
Shivay La Multiple
l4bouche & Claire Williams


Volet hybride, médiatique #25 Arts Seconde
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Alex Verhaest
Bertrand Cavalier
Denicolai & Provoost
Le Gentil Garçon
Livia Melzi
Lazara Rosell Albear


Volet territoire chorégraphique
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Ikue Nakagawa
No Anger


Volet littérature Dans & Hors le livre
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Warriors Poets


Pensées contemporaines #Belgian Theory
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De la désobéissance sémantique avec :
Salim Djaféri
ayoh Krê Duchâtelet
Adeline Rosentein
Louisa Yousfi (sous réserve)


Volet Cinéma
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Ann Sirot & Raphaël Balboni

L’esprit scientifique n’est-il peut-être qu’une crainte et une diversion en face du pessimisme ? Un ingénieux expédient contre – la vérité ? Et, pour parler moralement, quelque chose comme la peur et l’hypocrisie ? Pour parler immoralement : de la ruse ? O Socrate, Socrate, était-ce là peut-être ton secret ? O mystérieux ironiste, était-ce ton ironie ?
(…)
L’art s’avance alors comme un dieu sauveur et guérisseur : lui seul a le pouvoir de transmuer ce dégoût de ce qu’il y a d’horrible et d’absurde dans l’existence en représentations à l’aide desquelles la vie est rendue possible. Ce sont le « sublime », en tant que maîtrise artistique de l’horrible, et le « comique » en tant que soulagement du dégoût de l’absurde.

Friedrich Nietzshe


Selon ma théorie de la formation de la doctrine philosophique de la matière, la philosophie a d’abord transformé illégitimement la simple entité, qui n’est qu’une abstraction, nécessité méthodique de la pensée, en substrat métaphysique de ces facteurs de la nature qui en des sens variés sont assignés aux entités comme leurs attributs.

Alfred North Whitehead


En ces temps de débâcle, se profilent de nouvelles approches phénoménologiques, de nouvelles épistémès fascinantes à sonder et envers lesquelles il importe de faire écho et ce pour fertiliser des possibles en lieu et place des inévitables.

Le temps est plus que jamais à la désobéissance épistémique écrivais-je dans le texte générique des Heures Sauvages_Nef des marges dans l’ombre des certitudes dont le cœur est constitué de ce que je nomme une anarkhè-exposition et qu’il convient de situer comme toute fiction heuristique.

Le langage, c’est le châtiment … cette phrase d’Ingeborg Bachmann tirée de son roman Malina résonne en moi comme le blason chatoyant de cette anarkhè-exposition qui s’assigne l’ambition d’être une cosmogonie éphémère dont l’engendrement s’affleure à la façon d’un songe - intuitions instinctives obsédantes - et qui se tisse fil à fil et au fur et à mesure que sont rassemblés les étants qui la constituent. Le langage c’est le châtiment, comme la carte n’est pas le territoire mais une abstraction qui donne à tracer et arpenter des routes en en oblitérant de sinueuses et non dimensionnelles. Un artefact qui conditionne et oriente un rapport à l’environnant qui de part ce fait est incliné, maîtrisé, chosifié, extériorisé.

Cette Zone Autonome Temporaire aspire à être expérimentée, ressentie et entend privilégier l’expérience du vécu, de la sensation, en raturant l’aspiration testamentaire et sa propre conservation. Conçue comme on conçoit une énigme, où chaque élément est déterminant et interdépendant, elle sera dévoilée de façon carnavalesque, et nombre d’étants qui la composent seront galvanisés, s’étioleront, se flétriront, fonderont avant son intégrale dématérialisation programmée.

Ashes to ashes disait la chanson…

L’étrangeté la fonde avec une aspiration à contribuer à susciter le désir vertigineux à habiter un monde qui puisse échapper à l’enfermement catégoriel pour demeurer un terrain en extension fait de possibles, et à nous donner à mesurer et éprouver qu’il existe d’autres rapports à tout ce à quoi nous entrons en relation, aux êtres comme aux artefacts, aux objets-techniques que celui de la synchronie et du cannibalisme.

Elle vise à ébranler les certitudes, à diverger de la considération conventionnée du beau, à contrarier la séduction, à obscurcir les lumières et résonner dans le dissensus - elle en appelle à un pluralisme radical assumé, à l’épaississement de la réalité. À l’appel pragmatique Jamesien, n’y sera pas forcé le trait à la ressemblance, à la commensurabilité, mais y seront psalmodiés les contrastes et les singularités. Y sera murmurée l’idée empruntée à Etienne Souriau qu’exister c’est différer et que les modes de l’être sont contingents et ne répondent à aucune absolue intentionnalité et que les modes d’existence sont tous d’égale dignité. Pas d’altérité, pas d’être…

Dans cet espace, on y entre par une arche lumineuse qui rappelle les entrées baroques et naïves des premiers barnums, on y aperçoit de nombreuses portes tels des points de passage – punctums récurrents - une inspirée des miroirs de nécromancie, une dont il ne demeure que le contour, une faite de bois récoltés en forêt.

Une vaillante uchronique armure nous y accueille.

Parmi les œuvres instaurées par les artistes engagé.e.s dans cette aventure, plusieurs de ces étants virtualisent l’ère de la métamorphose qui semblait relever de la science-fiction dystopique il y a peu. Ce sont des corps ; des physicalités et immanences mutantes, prothésées, auto-générées et auto-éditées qui peuplent cette anarkhè-exposition : des ailes de papillons naturalisées montées sur nitinol qui se muent de façon hétérodoxe, des corps virtuels fantasmés, des cyborgs, des Géants_êtres hybrides croisant divers matériaux et moulages de corps humains, une Venus aux propriétés rétro-réfléchissantes… La catégorie d’humain possède une histoire faite de grands partages, d’inclusions et d’exclusion. La morale transhumaniste dessine en creux la question de l’artefactualité des ordonnancements et des assignations, elle ébranle l’univocité d’états dits naturels et tord le fantasme d’un état édénique naturel inartificiel. L’artificialité disqualifierait-elle, inféoderait-elle ? Qu’est-ce qu’être vivant agissant semblent interroger ces œuvres et comment de nouveaux êtres vivants entrent-ils en résonance avec nos régimes d’existence ?

En cet espace symbiotique – territoire inachevé de cohabitation où tout s’entrelace, se loge également d’autres étants que les humains et ils s’y déploient aux regards des arpenteur.euse.s des microperformativités non humaines, de xénos entités; de l’eau qui ruisselle d’un glaçon suspendu, un alien grimpant de plâtre qui s’effrite, des pommes tatouées qui se flétrissent, un néon poétisant, une peinture inspirée par la notion du son… Le devenir animal, la plasticité du soi sont figurés par la maquette de l’homme ours - le hors-cadre, la réception d’altérités, d’aliens convoqués par des constellations traduites en notes sonores qui résonnent, des ondes électromagnétiques détectées par une antenne décamétrique, une mixtape inspirée d’une iconique « bouteille à la mer interstellaire » - the Voyager Golden Record - destinée à d’éventuels extraterrestres est à l’écoute, un son qui toute les 4 minutes surgit…

Des fétiches, reliques de performances activées à la faveur du vernissage habitent aussi l’espace : des mannequins gisant ou triomphant costumés et des parures – des offrandes également parsèment le tracé : un totem face auquel les arpenteur.euse.s de cette fiction sont convié.e.s à venir déposer leurs oboles.

Ce chapitre deux de ces Heures qualifiées de sauvages - entamées en juin 2022 - prolonge les alliances dissidentes.

A cette éthique de la désobéissance épistémique, nombres d’artistes ont répondu et ce en freaktionnalisant la réalité, en faisant sécession aux choses de l’ordre trop souvent confondues avec l’ordre des choses, en primant le partage du sensible, le primat esthétique au sens du sentir, en hackant, détournant des finalités et rationalités, en s’intéressant encore au non « non noble », au vil et de ce fait en dé-hiérarchisant les modes d’expériences et les heuristiques. L’art est flux permanent, une recherche de l’épais, du complexe – les artistes façonnent de nouvelles abstractions en assumant leurs totales contingences. L’art est connaissance des immensités fractales tapies sous les modèles.

J’aime créer des mondes qui tombent vraiment en morceaux au bout de deux jours disait Philip K.Dick – cette anarkhè-exposition tombera au bout de 16 jours et se muera en souvenirs pour celles et ceux qui y auront dérivé et erré comme on s’engouffre dans une littérature dont l’issue n’est pas prédictible. Dotée d’une ontologie nomade, elle sera cédée à une autre subjectivité et transmuera en gravures pour laisser une trace, peut-être, ou pas.

Stéphanie Pécourt
Commissaire

Après un an de nomadisme amorcé en juin 2022 pour rénovation totale de son infrastructure après 43 ans d’existence, et plus de 70 Hors-Les-Murs et co-programmations depuis lors portées à Paris et en France, au Palais de Tokyo (Paris), au Centre Pompidou (Paris), à la Fondation Fiminco (Romainville), au Générateur (Gentilly), à la Biennale Chroniques (Marseille, Aix, Avignon), à la Friche la Belle de Mai (Marseille), au Sample ( Bagnolet), à Bains Publics (Saint Nazaire), aux Festivals Ideal Trouble, SONIC PROTEST…

La convulsive programmation développée par les équipes du Centre Wallonie-Bruxelles/Paris ré-amarre au sein de son vaisseau rendu à sa primale édification et dépouillé de tout ornement avec du 13 au 29 octobre le volet 2 des Heures Sauvages-Nef des Marges dans l’ombre des certitudes, programmation archipélique, initiée à la faveur du désamarrage qui constitue le climax des chantiers engagés par le Centre et un condensé d’initiatives développées comme les cycles dédiés aux films d’artistes 25 Arts Seconde, le festival de sondes sonores (((INTERFERENCE_S))), les plateaux de pensées contemporaines Belgian Theory ou encore le festival dédié aux courts-métrages : le Court en dit Long.

Nos programmations s’y réancrent avec l’aspiration à la non-canonisation, avec la même volonté de ne pas s’y retrancher, s’y cristalliser et s’y cantonner et en parallèle de la poursuite d’une viralisation dans des ailleurs physiques et en Cyberespace. Elles s’y réinfiltrent contaminées par de nombreuses alliances et par une même quête de mise en évidence et de sonde d’univers puissants qui donnent à considérer l’art comme une véritable heuristique de notre présent liquide.


Au programme :


■ Vendredi 13 octobre dès 18H30 | Réouverture du Centre :
VERNISSAGE – PERFORMANCES – CONCERTS – PODCASTS

■ Dès 18H00 : surgissements aux abords du Centre : Melanin, Shen Özdemir et Señora Serpiente

■ A 18H30 : ouverture officielle des portes


■ Lundi 16 octobre – 20H00 | Cinéma :

Avant-Première du film d’Ann Sirot & Raphaël Balboni


■ Jeudi 19 octobre – 20H00 | Territoire chorégraphique :

Avec : No Anger – Ikue Nakagawa


■ Vendredi 20 octobre – 20H00 | 25 Arts Seconde & Concert :

Avec : Alex Verhaest - Bertrand Cavalier - Denicolai & Provoost - Le Gentil Garçon - Livia Melzi - Lazara Rosell Albear DJ SET.


■ Samedi 21 octobre | Lettres et Arts Sonores :

11H00 : Brunch de rentrée littéraire - Avec : Marc Pirlet & Sophie Museur

20H30 : Soirée sonore Festival (((INTERFERENCE_S))) Avec: Bambi OFS - Shoko Igarashi - Roméo Poirier


■ Mardi 24 > samedi 28 octobre | Cinéma :

31ème édition du FESTIVAL LE COURT EN DIT LONG

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