Non-Creative LAB @ La Cômerie - Marseille
Non-Creative Factory
Une conférence-performance chorégraphique non créative
Première du projet pilote : mai 2023 au Studio Étangs Noirs à Molenbeek-Saint-Jean
La Cômerie
174 Rue Breteuil, 13006 Marseille
OPEN STUDIO du 11 au 15 juillet en après-midi - sur rendez-vous - confirmer au : 0032 477 71 92 51
Le processus de création
Le projet est né d’une résidence au Centre Wallonie Bruxelles à Paris en janvier 2021 qui a donné lieu à diverses expérimentations et vidéos et un texte de « conférence ».
Cette première partie de la recherche a été appelée N-C.T.I (Non-Creative Training Institute).
Suite à une série d’ateliers et de rencontres à Bruxelles entre juin et septembre 2021, une seconde étape du projet a vu le jour, où s’est dessinée la perspective d’un spectacle mêlant parole conférencière, documents visuels et sonores, archives, danse et vidéo.
Le travail de réflexion, d’écriture et d’exploration se poursuivra en plusieurs étapes, menées collectivement avec le même groupe d’artistes où chacune et chacun aura un rôle défini.
Pendant plus d’un an, la vie artistique a été paralysée, les spectacles reportés, les expositions annulées. Les artistes ont été sommés d’être patients et créatifs. Réagir, rebondir, réinventer, créer malgré tout, mais « en visio » et en respectant les gestes barrières. Cela situation de crise nous a donné envie de refuser l’obstacle, de retourner l’invitation, de faire nos mauvaises têtes, de ne pas être créatif. De cette indocilité épidermique, est né un projet de création.
Non-Creative Factory ouvre une réflexion sur cette notion de créativité, dont l’histoire est assez surprenante. Le mot est récent, introduit dans la langue française seulement en 1950, traduction de l’américain creativity, néologisme inventé dans le sillage des programmes de recherche de l’armée américaine. Bien loin de la culture, donc.
Dans cette Amérique d’après-guerre triomphante, qui invente le mot créativité en miroir du mot productivité, des révoltes contre-culturelles prennent racine sur les traces des poètes Beat, en appelant à la liberté et à la contestation, pour une réappropriation d’une création confisquée par les académies et les artistes officiels. Créer, faire soi-même, a des vertus émancipatrices pour les hippies, subversives pour les diggers et les situationnistes, destructrices et radicales pour les punks. La créativité qualifie pourtant aujourd’hui des rayons spécialisés de grandes surfaces et est associée à l’esprit d’entreprise des incubateurs de start-up. Comment en sommes-nous arrivées là ?
Dès 1999, les sociologues Luc Boltanski et Ève Chiapello montraient que le nouvel esprit du capitalisme s’incarnait idéalement dans la figure de l’artiste : libre, international, légitime, individualiste, flexible, inventif. Plus de 20 ans plus tard, l’injonction à la créativité semble s’être imposée non seulement dans la vie professionnelle mais aussi dans la vie privée, sur
Instagram, Tik Tok, Youtube et Pinterest, dans les loisirs et les activités domestiques.
Non-Creative Factory est une fabrique, un lieu de travail, où se construisent des récits, des archives, des études, des raisonnements, des diagrammes, des expériences, des formes, dans l’objectif de proposer un déconditionnement : ne plus se soumettre à cette injonction de créativité généralisée.
Le dispositif
Wooshing Machine travaillera la mise en scène du projet dans son nouveau lieu de travail, le Studio Étangs Noirs à Molenbeek-Saint-Jean, afin de concevoir un dispositif qui occupera l’espace tout entier. Dans ce studio de danse aménagé dans un hangar industriel de +420 mètres carrés (16m x 28m), des éléments scéniques seront dans tout l’espace et des vidéos seront projetées sur différentes surfaces (TV, écrans, murs), en séquences multiples, pour un public situé au centre du lieu.
Les principaux éléments du décor seront construits en direct pendant le spectacle à partir d’éléments modulaires (panneaux en carton cellulaires), rappelant la dimension industrielle du lieu.
Les artistes alterneront parfois dans leur rôle avec des amateur.e.s, qui permettront de relayer, contredire ou confirmer les réflexions, les images et les formes proposées sur scène et stimuler une dialectique entre des « créateurs artistiques » et des « créateurs au quotidien ».
Les interprètes non-professionnel.le.s, choisi.e.s parmi des volontaires, seront invité.e.s à rejoindre les artistes 2 jours avant la présentation pour une journée de rencontre et de pratiques et une journée de répétition dans l’espace avec l’équipe.
Le public (nous prévoyons 50 personnes par représentation) pourra suivre les actions assis sur des tabourets qui permettront à chacune et chacun de se tourner comme il ou elle le souhaite.
Si les conditions de production de ce projet le permettent, nous envisageons une série de représentations dans le Studio Etangs Noirs ou dans un espace comparable.
L’acte performatif aura une durée indicative de 1h30’.
WOOSHING MACHINE
UN OUTIL DE RECHERCHE ET DE DEVELOPPEMENT ARTISTIQUE
Vers de nouvelles cartographies formelles
Créée en 1998 à Bruxelles, la Compagnie Wooshing Machine est un lieu d’inventions où s’agencent des territoires de création multiples. Composée d’un collectif d’artistes réuni autour du chorégraphe Mauro Paccagnella, Wooshing Machine s’appréhende où s’esquissent les interstices ; à cet endroit précis où peuvent s’entrecroiser et dialoguer des réalités artistiques diverses et hétérogènes. Laboratoire d’expérimentation à la fois scénique et plastique, empruntant au théâtre, aux arts visuels et à la création musicale, le travail de la compagnie réinvente une grammaire chorégraphique et théâtrale au sein de laquelle la danse et le geste dansé s’inscrivent dans une pratique à la fois hybride et audacieuse. Wooshing Machine se présente comme un espace de recherche où chaque corps, chaque individu, dans son expression singulière devient partie intégrante d’un vocabulaire polymorphe qui explore de nouvelles cartographies formelles. Celles-ci se donnent alors à voir par la présence de processus de création perméables où la pluralité des thématiques et des formes engagées par les divers artistes de la compagnie démontre d’un redéploiement constant du langage scénique et visuel.
Ici, le corps, la mémoire et l’identité se déclinent toujours dans des dimensions foisonnantes qui dépassent toutes normes et catégories et se conjuguent au-delà de toute détermination préétablie. Ces œuvres, performances, installations, courts-métrages ou spectacles se jouent de toute hiérarchie de signes pour s’inscrire dans une rencontre immédiate avec le public.
Penser le territoire à la rencontre des publics
Grâce à une esthétique de l’humour et de l’autodérision, le travail de Wooshing Machine propose une expérience sensible où la singularité de chacun des participants est indissociable de la rencontre de l’autre. Les différentes recherches de la compagnie tentent en effet de réinvestir le politique et l’être ensemble en faisant de l’acte artistique un espace où se rejoignent nos fragilités enfouies ou avouées. Elles composent avec une pensée du territoire, à la fois local et global, qui fonde sa spécificité dans une compréhension des individus qui l’habitent et le transforment. Une pensée du contexte comme résultat d’une conscience et d’une pratique culturelle partagée. Accordant une place prépondérante au public et au lieu dans lequel il s’inscrit, Wooshing Machine élabore dès lors des projets qui déplacent les limites du questionnement relatif à la démocratisation de l’art. Les
projets de Wooshing Machine (…) invite[nt] chaque participant à se sentir véritablement engagé. Le rire, compris comme acte de distanciation, devient alors le prisme par lequel le public entre en relation, presque intime, avec les artistes en représentation.