Exposition collective « INCANTATIONS en Aliénocène : Lacrydoll » à la Galerie Talmart
Commissariat : Antoine Carbonne & Delphine de la Roche.
Galerie Talmart
22 rue du Cloître Saint-Merri - 75004
Horaires d’ouverture :
Du lundi au vendredi : 14h-18h
Vernissage mardi 14 octobre : 18h00 > 21h00
Né en 1987 à Paris
Prenant la forme d’une aventure « dont vous êtes le héros », ses premières expositions représentent des espaces de projection dans lesquels chacun.e sera libre de mettre une tension narrative. Des tableaux grand format permettent cette immersion presque corporelle dans des paysages aux couleurs pures.
En 2023 il renoue avec la représentation des corps comme dans l’exposition Fiction(s) à la galerie Valérie Bach (Commissariat JM Dimanche) puis avec le petit format lors de « Side Quest » à la galerie Romero Paprocki (Paris). Cette dernière exposition se présente explicitement comme une BD sans paroles.
L’installation « Mr Grateful » au MIMA à Bruxelles se présente comme un poème graphique qui lui fait suite (écriture par Samuel Belfond).
Son travail a fait l’objet de diverses expositions collectives et personnelles et ses œuvres sont présentes dans des collections privées en Belgique et en France.
Il a notamment réalisé des fresques dans le cadre de commandes publiques, comme à la Villa Noailles (Hyères) en 2020, et privées, notamment la Tour d’Argent (Paris) ainsi que les vitrines de la maison Hermès en 2022. Carbonne est représenté par la galerie Romero Paprocki à Paris.
Antoinette d’Ansembourg (1994, Belgique) vit et travaille à Bruxelles. Diplômée d’un master de Peinture à la Cambre en 2019, elle développe depuis lors une vision singulière des futures formes de végétations, nées de la combinatoire improbable du vivant et du déchet. Elle invente son propre langage qui se déploie dans une multitude de médiums et en deux échelles ; premièrement en miniature avec la céramique et le dessin, puis dans un second temps à échelle humaine avec la sculpture, l’installation et plus récemment la peinture à l’huile.
En 2020, elle co-fonde l’artist-run space “Triphasé”, un tiers-lieu qui vise à soutenir le travail et la recherche d’artistes émergents en mettant à leur disposition des studios et un espace d’exposition dans le centre de Bruxelles.
Apolonia Sokol (née en 1988 à Paris) vit et travaille à Paris.
Peintre figurative française d’origine polonaise, Sokol est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2015 et a d’abord déménagé à New York où elle a travaillé dans l’atelier de Dan Colen. Elle s’est ensuite installée à Los Angeles, où elle a trouvé une communauté d’artistes pour échanger autour de la peinture figurative.
La première exposition monographique institutionnelle de Sokol a lieu au musée Arken, Museum of Contemporary Art à Copenhague, Danemark en 2023, suivie de “ISLAWIO” à la galerie THE PILL (Paris, 2024).
Parmi ses expositions personnelles précédentes figurent “You Better Paint Me*” et “I Had Trouble Sleeping, But She Said She Loved Me…” chez THE PILL (Istanbul, 2022 & 2018); “Attic”, une exposition duo avec Walker Evans, Sebastien Ricou (Bruxelles, 2016) et “Process Is Desire”, Whitcher Projects (Los Angeles, 2016).
Ses œuvres ont été incluses dans plusieurs expositions de groupe telles que Immortelle, MO.CO Panacée (Montpellier, 2023) ; L’ami·e modèle (Commission de la Fondation Yvon Lambert), Viva Villa, MUCEM (Marseille, 2022); Women Painting Women, Modern Art Museum of Fort Worth (Texas, 2022); Women and Change, ARKEN Museum for Modern Art (Copenhague, 2022); She - Classicità, Institut Polana (Varsovie, 2021); Conversation Piece | Part VII Towards Narragonia, Fondazione Memmo, (Rome, 2021); ECCO, Villa Médicis (Rome, 2021); Tainted Love II, (Villa Arson, Nice, 2019) et En Forme de Vertige, Prix Révélation Emerige, Villa Emerige (Paris, 2017). En 2020, lauréate de l’Académie de France à Rome, Sokol devient pensionnaire à la Villa Medici (saison 2020-2021). En 2023, le documentaire Apolonia Apolonia co-produit par HBO Max et Danish Contemporary, et réalisé par Léa Glob qui a suivi la vie et le travail de Sokol pendant plus d’une décennie, a été récompensé de multiples prix dans les festivals internationaux : Meilleur Documentaire Long Métrage IDFA (Amsterdam), Meilleur Documentaire au Festival International de Cinéma de Hong Kong et Meilleur Documentaire Nordique au Festival de Cinéma de Göteborg, entre autres.
Delphine de la Roche est artiste visuelle et curatrice. Son travail explore les émotions collectives, les débordements invisibles, les récits mythologiques intérieurs. À travers le dessin, la peinture et l’écriture, elle tisse une œuvre fragmentaire et engagée, à la frontière du rêve, du politique et du symbolique. Après des études littéraires et un master en direction artistique à Penninghen, elle collabore avec des maisons comme Hermès ou Courrèges. En 2023, elle organise Message Personnel, une exposition rassemblant plus de 80 artistes autour de l’intime. Elle développe actuellement Le Cantique des larmes, un conte-monde déployé en images, installations et narrations interactives.
Eva L’Hoest est une artiste belge dont la pratique utilise le langage numérique comme un outil archéologique pour sonder les notions d’origine et de mémoire. Par des sculptures, performances et installations audiovisuelles, elle explore comment les images mentales, collectives ou intimes, peuvent être réactivées et transfigurées à travers les technologies. En infiltrant aussi bien les flux de données contemporains que les mythologies premières, elle fait surgir des formes visuelles et sonores qui ouvrent de nouveaux territoires relationnels, à la croisée des mondes, des temps et des médias.
Son travail a fait l’objet d’une première monographie institutionnelle, The Mindful Hand, au Casino Luxembourg (2025). Il a également été présenté à KANAL – Centre Pompidou (Bruxelles, 2024), à la Biennale de Sydney (2021, cur. José Roca), au WIELS (Bruxelles, 2021), à la Riga Biennale (2020, cur. Rebecca Lamarche-Vadel), à la Biennale de Lyon (2019, cur. Palais de Tokyo) et à l’Okayama Art Summit (2019, cur. Pierre Huyghe). Elle a été résidente à l’ISCP (New York, 2024) et au Biennale College of Art (Venise, 2023), et a reçu le Edward Steichen Award (Luxembourg, 2023). Ses pièces ont également pris la forme de performances, notamment à l’IFFR (2020), ou encore d’une collaboration visuelle avec l’Orchestre philharmonique de Belgique à BOZAR (Bruxelles, 2022).
Flavien Berger est un musicien, auteur-compositeur et producteur français, né le 2 juillet 1986 à Paris
Artiste hybride mêlant électro et psychédélisme, Flavien Berger découvre la composition musicale sur sa PlayStation 2 avec le jeu Music 2000.
Il s’est dirigé vers le design sonore à l’ENSCI - Les Ateliers. Il y développera ses premières expérimentations avec d’autres étudiants en art, qui formeront par la suite le collectif Sin et ira s’installer à Bruxelles.
Ensemble, ils produisent des installations, des projets vidéo dont Flavien compose les bandes originales.
Il sort son premier album en 2015, Léviathan.
En septembre 2018 il publie Contre-Temps.
Né en 1980 à Versailles (FR), Laurent Proux vit et travaille à Paris.
En peinture ou en dessin, Laurent Proux produit une imagerie puissante et inédite, qui cherche à résoudre par des choix formels les questions soulevées par ses sujets. Qualifié par certains de réaliste en raison des objets représentés – machines industrielles, lieux de travail, corps sexualisés, etc. –, son style s’émancipe par l’exploration continuelle de solutions picturales, intégrant aberrations, télescopage de plans et couleurs artificielles, définitivement affranchies de l’opposition entre figuration et abstraction. Le corps humain est traité par fragments, exagérations et silhouettes, pour mieux le rapprocher d’un corps-machine, politisé et violenté, souvent dérangeant, parfois sentimental. Construisant l’espace de son tableau comme une scène à la lisibilité altérée, l’artiste adresse à l’attention du spectateur une énigme visuelle et intellectuelle à arpenter du regard.
En 2025, la première exposition personnelle de Laurent Proux au sein d’une institution a lieu au Musée de l’Abbaye à Saint-Claude. Ses œuvres sont conservées parmi les collections du Centre National des Arts Plastiques (CNAP), des Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) Occitanie, Limousin et Nouvelle Aquitaine et du Fonds Municipal de la Ville de Paris (FMAC). Son travail a fait l’objet d’expositions au Mana Contemporary Chicago (US), au Shanghai Art Museum (CN), au Center for Contemporary Arts de Moscou (RU), au Musée d’art contemporain de Lyon (FR), au FRAC Limousin à Limoges (FR), au Lieu Commun à Toulouse (FR) et au Musée d’Art moderne et contemporain de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables-d’Olonne (FR). Laurent Proux a été pensionnaire de la Casa de Velázquez à Madrid (ES).
Sean Crossley (1987, Melbourne) est un peintre installé à Bruxelles depuis 2013.
Sean réalise ses peintures par lots. Malgré l’hétérogénéité des sujets et des vocabulaires picturaux, chaque œuvre appartient à un ensemble conceptuel discret, dans lequel les peintures individuelles se regroupent autour de formats partagés, de stratégies d’exposition partagées ou d’un temps de production partagé. Dans les installations, ses peintures sont présentées dans des systèmes hautement construits, qui mettent en correspondance les œuvres les unes avec les autres comme des points de données, plutôt que comme des objets autonomes à contempler. Son travail tente de déplacer la pensée picturale vers d’autres domaines techniques et professionnels, tels que l’infrastructure urbaine, le commerce, l’anthropologie et les neurosciences, en posant la peinture comme une expérience de l’alternance.
Sans style visuel caractéristique, les images de Sean mettent plutôt l’accent sur les diverses capacités de la peinture à traiter ou à modéliser le monde. Sa pratique s’appuie sur la surproduction et un langage visuel diversifié comme outils pour échapper à la construction d’un style artistique cohérent. Les œuvres récentes et passées se chevauchent, se refusent et se renforcent mutuellement, soulignant une compréhension circulaire et réflexive de la pratique et un engagement complexe avec les notions de progrès, d’obsolescence et de paternité de l’œuvre.
Convaincu que l’expérience de la peinture démontre comment l’abstraction et le réalisme se composent réciproquement, Sean s’intéresse au rôle pratique que la peinture peut jouer dans la modélisation des fantasmes de libéralisme, d’autonomie et de modernité occidentale qui caractérisent nos sociétés intensément médiatisées.
Cette manière relationnelle de construire sa pratique a conduit Sean à comprendre la peinture comme une économie de catégories de formes et de concepts dont les surplus et les déficits fluctuent et s’échangent en permanence. Ce système d’échange met à l’épreuve l’élasticité critique et les possibilités illusoires du matériel pictural conventionnel, sa “liquidité”, ou sa capacité à abstraire, homogénéiser et “refaire” le monde.
Sophie Varin a étudié à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, puis à la Hunter College School of Fine Art de New York et a obtenu son master au Piet Zwart Institute de Rotterdam. Aujourd’hui, elle vit et travaille à Bruxelles.
Les peintures miniatures de Sophie Varin se concentrent sur notre relation à la réalité, à la curiosité et sur la façon dont cela implique souvent une négociation entre ce que l’on aimerait voir et ce que l’on aimerait cacher. Représentant des situations en apparence banales, ses œuvres créent des scénarios ambigus, où une familiarité apparente révèle des visages déformés. Ses œuvres accordent une grande importance au regard de l’observateur, du témoin, du public. Elles soulignent en particulier la façon dont la curiosité, le désir ou l’imagination ont la capacité de moduler ce qui est représenté.
Elle a récemment présenté des solo shows à la galerie Sultana (Paris), Mou Projects (Hong Kong), Fortnight Institute (New York), 12.26 West (Los Angeles), Brooke Benington (Londres) et With Feeelings à Bruxelles.
Elle a aussi récemment publié « The Peregrine » chez The Steidz (Paris).
Son travail est représenté par la galerie Sultana à Paris.
Walter Wathieu, artiste belge, est né à Liège en 1992.
Sa production artistique se caractérise par la recherche d’une forme de spontanéité organique manifestée à travers l’utilisation détournée d’outils ou techniques destinés à l’industrie métallurgique, de surveillance ou vidéographique.
Titulaire d’un master en design industriel et fort de plusieurs années de collaboration avec des artistes belges émérites, son parcours l’a conduit à explorer divers médias tels que des installations vidéo, des œuvres algorithmiques, le design et la sculpture.
Au cœur de sa démarche réside un équilibre subtil entre un contrôle technique rigoureux et une acceptation délibérée du hasard ou des accidents dans le résultat final, révélant ainsi l’essence chaotique mais harmonieuse de la création et sa perception.
En 2020, il est à l’initiative du projet Panamax, espace artistique basé à Liège, dédié à la promotion des arts contemporains et de pratiques expérimentales.
Ses œuvres ont été exposées dans des lieux tels que le Lille Grand Palais, le FRAC de Nantes, le Kunsthall Gent, Plus One Gallery, Avee Gallery ou encore le Kanal Centre Pompidou Bruxelles.
Youri Johnson est une fiction productrice de fictions. Son existence est faite de poèmes, de textes théoriques, d’objets étranges, de pièces votives et de choses plus obscures. Son travail a été montré dans le cadre de nombreuses expositions en France et à l’étranger. La revue en ligne Figure Figure lui a consacré son numéro d’Août 2020, sous la forme d’un entretien fleuve mené par Lou Ferrand. En avril 2021, il publie un livre consacré à la promesse transformatrice des champignons : Mycélium : petit conte post-apocalyptique (Le Murmure). Il apparaît au sein de La Grande Conspiration Affective, un thriller théorique, livre de Romain Noël publié en octobre 2024 (Editions du Seuil).
Youri Johnson produit des textes, des autels, des cartes, des potions et toutes sortes d’objets hyperaffectés qu’il considère comme des « technologies négatives » dont le but premier est de nous aider à changer de monde. Il travaille principalement avec des objets de récupération et des éléments issus d’univers non-humains (métal, charbon, épines, fluides, etc.). Son travail relève d’une pratique plus vaste qu’il nomme « l’art secret de la guerre secrète ». Cette pratique lui permet de voyager dans un pays légendaire, l’Infamie, où on lui enseigne des manières de conjurer les formes autoritaires et les systèmes de domination. Ainsi le travail de Youri Johnson revendique-t-il la fiction non seulement comme manière de vivre, mais aussi comme véritable pratique magique capable de faire advenir d’autres réalités, et donc d’autres mondes.
Lacrydoll : une rivière de larmes.
Aujourd’hui, les larmes racontent ce que nous peinons à dire autrement. Dans un monde saturé d’images et de bruits, elles troublent la vision et deviennent des signes, des flux intimes et collectifs, capables de relier nos expériences personnelles aux enjeux du vivant.
Cette exposition a pour objet d’établir une relation émotionnelle avec l’eau des rivières.
Les rivières nous intéressent car elles représentent des entités souvent transfrontalières et circulantes, auxquelles celleux qui les fréquentent s’identifient.
On pense notamment aux nombreux cours d’eau entre la Belgique et la France : l’Eau Noire (voir la bataille de l’Eau Noire) Oise, Houille, ruisseau de Massembre…
Cette image est fondatrice pour les commissaires d’exposition, car elle fait la synthèse entre trois sensibilités : celle de « message personnel » (cur. Delphine de la Roche 2023 Paris) et celle de « Aquaturf » (d’Antoine Carbonne, 2021, Bruxelles), tout en s’intégrant dans la programmation du Centre Wallonie Bruxelles / Paris
A l’origine des rivières : des sources.
Les cultures païennes y ont toujours attribué une dimension mystique.
Émanant de la source païenne des lacrydolls, les rivières canalisent les tristesses du monde et leur font rejoindre leurs forces, leurs défenses.
Le temple lacrymal de Youri Johnson en est la manifestation, il évoque une source, autour de laquelle gravitent des œuvres comme le masque de fer de Walter Wathieu, réalisée dans un moment de tristesse. Autour de cette pièce originelle - une diversité de larmes hétéroclites, qui se répondent en un concert de plaintes.
Les lacrydolls - manifestations poétiques des sources des entités - sont à la fois des pleureuses et des cariatides. Elles portent et alimentent les cours d’eaux de leurs larmes. Elles sont aussi leurs entités protectrices - avec la complicité des castors - dans une cosmogonie-poème original de Delphine de la Roche :
« L’eau qui coule,
l’eau qui cherche, l’eau qui trouve,
l’eau qui se fraie un chemin.
Les Locky glissaient, formaient des rigoles, s’enfonçaient dans les mousses, creusaient des chemins minuscules.
Ils s’alliaient avec les Castors, architectes des rives, et ensemble ils construisaient digues, tunnels et refuges, permettant aux larmes véritables de circuler malgré les barrages.
Chaque jonction faisait grandir le flot. Les rivières secrètes se rejoignaient, tissant une armée d’eau vivante prête à résister à la prédation.
Un matin, la rivière bondit de son lit.
Elle rugit, brisa les toiles, emporta les mégabassines.
Le vert menteur et le rose collant se dissolvaient dans sa course.
Les vallées respirèrent.
Les rivières rirent.
Les cœurs se réhumidifièrent.
Même les Crocodiles, tremblèrent d’une larme qu’ils ne comprenaient pas.
Le cycle reprit.
Les disparus revinrent.
L’Œil Cosmique, au centre du ciel, pleura encore.
Mais cette fois, ses larmes étaient claires, véritables, joyeuses,
portées par la force des alliances et de la vie retrouvée. »Inspirées de cette cosmogonie, les artistes qui le désiraient ont été encouragé.e.s à participer à la création d’un tarEAU : comme un jeu divinatoire, certains artistes façonnent une carte du tarEAU, inspirée par Lacrydoll, Cry me a river ! un petit conte éco-féministe qui transforme la fragilité en force.
Antoine Carbonne