((((((Interférence_s)))))) : Festival Sonic Protest
Avec : Ladr.ache - Yann Leguay : Volta - Acte Bonté - Carageenan
11€ (+frais) en prévente
13€ sur place
Théâtre
46 rue Quincampoix 75004, Paris
Avec un instrumentarium composite où percussions, objets du quotidien, cordophones et oscillateurs électroniques tissent un tapis sonore où poser leurs voix, les six musiciennes de ladr ache créent un improbable pont entre polyphonies aux échos baroques et signal en dents de scie saturé. Textes, musiques et chansons de récup glanés dans toutes les traditions du futur… Elles font puissamment scintiller le présent et invitent le public à encercler le cercle qu’elles forment sur scène ou dans la salle. Des cérémonies à vivre ensemble où le collectif l’emporte à chaque fois.
LADR ACHE est Alice BACQUAERT, Annabelle PÊTRE, Antonine GOUGEAU, Faye YANNAROU, Juliette THOMAS & Lou VERCELLETTO
Qualifié par d’aucuns de «média saboteur», Yann Leguay pratique le détournement sans concession des normes admises en musique, dans une approche critique de l’évolution technologique. Dans des épisodes précédents, on l’a vu défoncer des micros à coup de disqueuse, jouer du disque dur comme une boîte à rythme ou rayer des vinyles vierges au scalpel, avec précision. En 2022, Sonic Protest tente de nouveau de montrer un panorama élargi des pratiques de cet artiste activiste bruxellois, en espérant que cette fois-ci, on l’accueille vraiment… pas comme en 2020 où, pour cause de pandémie, nous nous étions tous fait faux bond.
Pour cette première étape du triptyque Leguay chez Sonic Protest, il présentera son dispositif le plus récent. Volta est un instrument fonctionnant sur le principe d’un haut-parleur à plasma : un très haut voltage est généré et crée un arc électrique intense de quelques centimètres qui permet la propagation du son. L’arc ainsi produit fonctionne comme une corde sur laquelle il est possible de moduler les divers paramètres de tension et d’intensité, influant sur les textures et harmoniques du son. Couplé à un séquenceur, une rythmique pulsée aux attaques compactes peut s’en dégager. Pour faire simple c’est une sorte de synthétiseur modulaire à 40kV, merci de tenir les pacemakers éloignés !
On l’entendra aussi avec Inga HULD HÀKONARDÒTTIR pour Again the Sunset (le 1er avril à l’Échangeur) et avec Aymeric De Tapol pour Cancellled (le 2 avril à l’Échangeur aussi).
Acte Bonté est le duo sororal synthé-voix de Rebecca et Fiona Brunet, formé en 2017 à Bruxelles. Étrangement aussi pop qu’expé, aussi mélancoliques que mélodiques, leurs chansons douces-amères, murmurées en français, anglais et japonais, cachent leurs lyrics derrière un vocoder de premier plan, où apparaissent les traces vacillantes d’un lyrisme fantomatique. D’une ritournelle l’autre, leurs compositions du bout de la nuit, réunies sur leur premier album éponyme sorti en 2020, sur le label Midi Fish, laissent rêver à une féérie pour une autre fois.
Parallèlement à ses nombreuses collaborations comme Vermisst Susi (avec Jonkie Moordkuil), Pizza Noise Mafia (avec Thibault Gondard), Crash Toto (avec Lemones & Christophe Clébard) ou Carcass Identity (avec Ernesto González), Matthieu Levet joue sous le nom de Carrageenan. Tout seul, il en profite pour sombrer un peu plus dans le néant d’une musique électronique aux effluves dub, dans laquelle les mélodies laissent place à des rythmes marteleurs et infinis. On a entendu ses sons fixés via des labels comme Tanzprocesz, Golden Lab, Kerm, Czaszka Records ou Cold Moss.
Le festival Sonic Protest œuvre, depuis 2003, à la diffusion des singularités qui sonnent.
En taillant à vif dans les notions de styles qui réduisent les pratiques sonores et musicales à l’étiquette, ce rendez-vous dédié aux grands-écarts-qui-font-du-bien donne à entendre aussi des artistes à la dimension historique tout autant que des jeunes pousses qui défrichent … en passant par une somme des tentatives et des premières fois.
Cette manifestation nomade, joyeuse et généreuse crée, à chaque édition, un parcours d’écoute aux étapes aussi distinctes les unes des autres, à Paris, tout autour et même ailleurs. Au menu, souvent gargantuesque, on trouve généralement et par-delà toute scission entre le savant et le populaire, une série de concerts en lieux et places appropriés, des rencontres autour des pratiques brutes de la musique, une exposition orientée art sonore, des ateliers pour étudiants, du bricolage pour tous, de l’œnologie nature, des bières bien faites, des crêpes maison, une web-radio qui dure le temps d’un festival et quelques sourires qui s’ouvrent jusqu’aux oreilles … justement.
Espace temporaire spatial et sonore à nul autre pareil, Sonic Protest dessine sa carte du tendre entre bruit, son et musique et s’arrête pour la première fois au CWB pour présenter un mini-panorama tout subjectif des vivacités musicales des scènes wallonnes et bruxelloises.