Du 8 au 31 octobre 2021

Entrée libre

White Box (Galerie)

127-129 rue Saint-Martin
75004 Paris

Ariane Loze (née en Belgique en 1988) vit et travaille à Bruxelles (BE).


Elle étudie le développement d’une narration à partir d’images apparemment sans rapport. Dans ses séries de vidéos, elle joue tous les rôles : elle est tour à tour actrice, réalisatrice et camera woman. Par le montage, ces images mettent en relation deux (ou plusieurs) personnages et l’architecture. Ses vidéos proposent au spectateur de prendre part à la création de la narration grâce aux principes du montage cinématographique : le champ / contre-champ, la continuité de mouvement et la suggestion d’une narration psychologique.


Le tournage est rendu public, devenant donc une performance.


Ariane Loze a étudié la mise-en-scène au RITCS de Bruxelles et a participé à a.pass (Advanced Performance And Scenography Studies) à Bruxelles. Elle a été résidente au HISK (Institut Supérieur des Beaux-Arts) à Gand en 2016-17.


Les expositions récentes incluent : Videoformes, Clermont-Ferrand (2015), Traverse Vidéo, Toulouse / FRAC Midi-Pyrénées (2015), Medienwerkstatt, Berlin (2016), S.M.A.K. Etcetera, Gand (2016), Fondation Boghossian, Bruxelles (2016), De Appel “You are such a curator !”, Amsterdam (2016), “Kunst om de lijf” Emergent Veurne, New York Anthologie Film Archive AXW projection (2017), Watch this space Biennale # 9, Lille-Bruxelles (2017), “Gemischte Gefühle” Tempelhof, Berlin (2017), Salon de Montrouge, Paris (2018), RIBOCA Riga Biennial of Contemporary Art (2018), Moscow Biennial of Young Art (2108), KANAL Centre Pompidou, Bruxelles (2018), Exposition monographique au Centre d’Art Contemporain Chanot, Paris / Exposition à la Galerie Michel Rein, Paris (2019), Urbane Künst Ruhr – Ruhr Ding : Territorien, commissaire Britta Peters Oberhausen (2019), Exposition monographique De Vereniging S.M.A.K., Ghent (2019), Exposition monographique à la Galerie Michel Rein, Bruxelles (2019), Reinberger Gallery, Cleveland Institute of Arts, Etats-Unis (2020), Exposition monographique Le Radar, Bayeux (2020), Fondation CAB, Bruxelles (2020), Jinan International Biennale, Jinan, Chine (2020), Centro Párraga, Murcia, Espagne (2021), Watou KunstenFestival, 40ème édition (2021), Utopia, 40mcube, Rennes (2021), EMERGENT Veurne (2021), Fondation d’entreprise Hermès, New Stettings Performance Program (2021).


Les vidéos d’Ariane Loze ont été sélectionnées pour le Prix Movimenta Video Art à Nice (2017) et le Prix Médiatine Bruxelles (2016) et récompensées au Art Contest Bruxelles (2015), par la Art For All Society de Macau (2016), Côté Court Festival Pantin (2017), Watch this Space Biennale #9 (2017) et le Salon de Montrouge (2018).


Ariane Loze est résidente au ISCP New York sur l’invitation de la Foundation Salomon en 2020-2021.

Évènements liés

« Après Art therapy, où Ariane Loze déconstruisait le langage du monde de l’art, Profitability se concentre sur un autre type de jargon professionnel, symptôme de la financiarisation du monde et de l’hégémonie du modèle entrepreneurial.

La vidéo décrit la rencontre entre une représentante de Ariane Loze International, boîte de production fictive des vidéos de l’artiste, et trois investisseuses potentiellement intéressées par son développement. La satire du monde du travail permet ici d’opérer un rapprochement entre la création artistique et le produit commercial, brouillant la différence entre leurs logiques de production, de diffusion et de communication. L’architecture est à l’image des relations humaines qui y prennent place : bourgeoise, froide et standardisée. Elle constitue le théâtre d’une humanité réduite au calcul, à des logiques de rendement et de productivité (« the truth is in numbers ») qui l’aseptisent et la désincarnent. Les gestes rituels de la working girl (téléphone, réunion, agenda et powerpoint) ponctuent une dramaturgie tout en normes et conventions, articulée autour d’une réunion d’affaires. Les dialogues qui y prennent place relèvent d’une langue spécialisée, à mi-chemin entre le français et l’anglais, idiome dominant du monde globalisé. Première arme dans la guerre commerciale des sociétés néolibérales, le discours de ces belligérantes croise le champ lexical du mensonge et de l’illusion (« bluffer », « charmer »…) à la novlangue d’un marketing martial (« cost killing », « targeter »…) pour définir la stratégie la plus compétitive qui soit.

À peine parodique dans un système où l’économie de marché a pris le pas, Profitability montre comment les intérêts financiers pervertissent la nature même de l’art. De l’œuvre au produit de marché, du processus créatif à la chaîne de production, de la propriété intellectuelle au brevetage du concept, s’organise en effet un transfert de valeurs qui se traduit verbalement par un changement de ton. L’injonction à la performance, les obligations juridiques et la course au profit s’expriment en effet de manière autoritaire et péremptoire, signes des tensions, des attitudes de défiance et d’offensive dans lesquelles se tiennent les personnages. Ce pragmatisme matérialiste ôte ainsi toute spiritualité au discours, en même temps que toute aura à l’œuvre.

Mise en abyme du dispositif d’auto-filmage de l’artiste («  nous parlons d’une seule voix  »), Profitability trahit des sentiments plus personnels face aux évolutions de son travail. La possibilité de ne pas apparaître dans une prochaine création y constitue notamment un point critique de négociation, tandis que la question rhétorique « Ariane Loze est bien un produit ? » dit toute l’inquiétude à entrer dans un système mercantile où la créativité devient valeur marchande. Le spectateur finit alors par se retrouver confronté à une seule et même question critique : à qui l’art finit-il par profiter ? »

Dans ses vidéo-performances, Ariane Loze procède à une méthodique déconstruction des normes du cinéma pour ramener les structures de ses films à leur minimum opérant. Alliant l’expression conceptuelle à une réalisation home-made, son esthétique post-minimaliste vise une sorte de degré zéro de la représentation, soutenue par une ligne narrative de base immédiatement lisible et une action unique, elle-même filmée en plans fixes (un dîner, une rencontre, une poursuite, une errance…). Les vidéos sont également produites en complète autonomie, Ariane Loze étant non seulement réalisatrice, scénariste, monteuse, costumière, régisseuse son et lumière, mais encore, sauf exception, interprète de tous les personnages. En résonance immédiate avec l’épure des décors et la fixité du cadrage, cette économie de moyens porte alors l’accent sur l’interprétation de rôles caractérisés, l’incongruité de leurs situations et la dérision critique de leurs propos, questionnant les préjugés, les codes et les assignations auxquels ils répondent. Saynètes absurdes de la vie sociale ou allégories de la vie psychique, ces micro-fictions prennent place dans un monde dystopique, le plus souvent désaffecté, dans lequel les protagonistes, en situation de crise, s’interrogent, cherchent une issue ou se confient. Portant un regard incrédule sur les hégémonies sociales, économiques et culturelles qui ordonnent le monde contemporain, Ariane Loze pose ainsi un diagnostic sur la vanité globale qui s’y exprime, en suscitant chez le public un regard distancié, aussi amusé que critique.

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Florian Gaité

Profitability Ariane Loze exposition au CWB Centre Wallonie-Bruxelles Paris

Profitability © Ariane Loze

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