Le 17 mai 2025 à 18:00

Galerie

127-129 rue Saint-Martin
75004 Paris

Dans le cadre du vernissage de l’anarkhè-exposition Symbiosium et de la Nuit des Musées les 16 et 17 mai, le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris accueille le duo Greet Brauwers & Raf Custers pour un moment d’échange autour de leur installation interactive A Seat for the Sea_Shells. Cette œuvre convoque une expérience sensorielle et critique, où l’immersion dans la matière sonore et tactile révèle les tensions entre fascination océanique et violence extractiviste.

L’homme et la mer se tiennent en tension dans une pulsation indéfinissable. Toute tentative humaine de s’y immerger éblouit, tout bain émerveille, et frustre pourtant car cet élément nous est étrange. Cette installation conduit le public dans une autre ambiguïté. Il capte la sérénité sonore de l’océan mais est confronté à des propos imprimés déstabilisants et, à intervalles réguliers, à un grincement métallique brutal. Une harmonie plus que mise à mal, c’est ce qui attend aussi les fonds marins lorsque les excavatrices mettent les dents dans les croûtes et les nodules polymétalliques.

A Seat for the Sea nous fait sentir une violence nouvelle, celle de l’exploitation minière des grands fonds marins. Cet extractivisme est imminent. Il va après les métaux de l’océan. Nul ne ne peut estimer son impact.

Descendons dans le pénombre d’un micro-cosmos marin. L’installation permet de capter, un coquille à l’oreille, l’ouï de la mer, les odeurs de la mer, de toucher les algues. Immergeons-nous dans cette force apaisante. Restons, résistons dans cette posture tant que nous pouvons. Jusqu’à ce que les discours adoucissent et justifient la colonisation de ce territoire vierge.
Tel un portail haptique, l’installation offre un regard critique sur l’industrie émergente qu’est l’exploitation minière en eaux profondes. Cet aventure bifurque, emportée parfois par une confusion techno-séductrice voulue par les industriels. Puis elle rejoint au plus vite les organismes des profondeurs marines, les courants, les sédiments, l’histoire longue: nos compagnons de route, dans leur élément.


Greet Brauwers est chercheuse, cinéaste (KASK School of Arts, Gand) et artiste basée à Bruxelles. Après ses études, elle travaille dans les médias, combine son travail journalistique avec une pratique socio-artistique, explore les possibilités de pratiques visuelles et narratives engagées, met en place des projets audiovisuels et réalise des documentaires.
Depuis 2016, elle se relie à la pratique artistique. Réalisation d’un film-essai dans le cadre de l’atelier SoundImageCulture (SIC). En réponse aux attaques terroristes à Bruxelles, elle crée avec d’autres artistes la plateforme « A Last Piece of Common Ground », qui explore la manière dont les outils artistiques contribuent à la guérison de cet événement traumatisant.
Avec Raf Custers, Greet entame des recherches sur l’exploitation minière en eaux profondes. Ils créent une performance participative, des performances collectives, un podcast, un atelier collectif et une installation avec de l’argile marine.

Raf Custers est chercheur, journaliste et impliqué dans des projets vocaux collectifs et de rue. Freelance dans les médias mainstream. Reportages et documentaires indépendants sur les luttes pour la souveraineté en Afrique (RDCongo) et Amérique latine. Co-createur d’Indymedia-Belgique (2000). Parmi ses documentaires : Cri d’alarme du Kivu (2001, Prix Signis), Le lithium de la Bolivie (2011, avec Greet Brauwers, Prix FRDO). Spécialiste de l’économie politique des matières premières. Parmi ses livres : Chasseurs de matières premières (2016), De uitverkoop van Zuid-Amerika (2016). Projets choraux et performatifs: production, dramaturgie de projets choraux avec BBEK-Bxl, participation avec Bxl-Experimental et Zinneke Parade. Travail de graphiste (académies Hasselt, Anderlecht, Molenbeek).

aseatforthesea.com

Le collectif MITR invite le public à une exploration du Ru de Marivel, affluent méconnu de la Seine, révélateur des transformations paysagères et écologiques du territoire francilien.
Conçue comme un protocole d’investigation artistique, cette marche performative engage les participant·e·s dans une écoute active du paysage, convoquant les outils de la captation sonore, du prélèvement, de l’observation et du geste performatif. Il s’agit ici de lire le territoire par ses traces, d’interroger ce que les sols, les flux et les sédiments racontent des relations complexes entre eau, urbanisme et mémoire géologique.

À travers cette approche sensorielle, MITR fait de la marche un acte artistique et critique, révélant les strates visibles et invisibles des écosystèmes urbains, et interrogeant la manière dont ces cours d’eau, souvent relégués à la marge, pourraient redevenir des lieux de recomposition collective et de cohabitation avec le vivant.


Né de l’exploration de la rivière des Aygalades dans le nord de Marseille, le travail du collectif MITR (Made In The River) engage une approche pluridisciplinaire de l’élément eau, mêlant histoires patrimoniales, processus imaginatifs et valorisation de connaissances et de savoir-faire multiples.

Par l’exploration sensible d’un cours d’eau urbain hautement pollué, le dialogue avec des scientifiques et les gestes de soin partagés avec les communautés riveraines, Made In The River met en lumière l’inventivité d’un environnement apparemment condamné. À travers créations plastiques et audiovisuelles, performances et ateliers, le collectif fait émerger des formes hybrides, où l’organique et le manufacturé se tissent étroitement. Ces formes en mutation, adaptées à la vie sur ces berges insalubres, participent à une réactivation poétique et critique des milieux en transformation. Ainsi, ce territoire se repeuple et nourrit notre imaginaire sur les possibles d’un monde au-delà de la crise écologique.

Après s’être immergé dans les eaux de Marseille, de l’étang de Berre et de Berlin, le collectif engage une nouvelle investigation artistique dans le bassin versant de la Seine. Cette exploration se déploiera en deux temps :

• Le 17 mai 2025, lors de la Nuit des Musées, MITR propose une marche artistique le long du Ru de Marivel, un affluent de seulement 9 km qui cristallise les enjeux écologiques, désindustriels et sociaux propres aux cours d’eau urbains.
• Le 7 juin 2025, pour la Nuit Blanche, le collectif investira le Centre Wallonie-Bruxelles avec une installation interactive, développée au cours d’une résidence in situ, engageant un dialogue direct avec le public.

17 mai 2025 | Nuit des Musées – Marche artistique sur le Ru de Marivel :

Le collectif MITR invite le public à une exploration du Ru de Marivel, affluent méconnu de la Seine, révélateur des transformations paysagères et écologiques du territoire francilien.
Conçue comme un protocole d’investigation artistique, cette marche performative engage les participant·e·s dans une écoute active du paysage, convoquant les outils de la captation sonore, du prélèvement, de l’observation et du geste performatif. Il s’agit ici de lire le territoire par ses traces, d’interroger ce que les sols, les flux et les sédiments racontent des relations complexes entre eau, urbanisme et mémoire géologique.

À travers cette approche sensorielle, MITR fait de la marche un acte artistique et critique, révélant les strates visibles et invisibles des écosystèmes urbains, et interrogeant la manière dont ces cours d’eau, souvent relégués à la marge, pourraient redevenir des lieux de recomposition collective et de cohabitation avec le vivant.


COLLECTIF MITR
Made In The River est un collectif artistique fondé en 2022 à Marseille et représenté par Chloé Mazzani (performeuse, artiste marcheuse), Charlie Fox (plasticien et curateur d’InspiralLondon, sentier artistique métropolitain) et Bulat Sharipov (artiste audiovisuel).

Le collectif explore les territoires exposés aux difficultés environnementales et sociales des quartiers nord de Marseille et de l’Étang de Berre. MITR travaille en étroite collaboration avec les communautés habitantes, les collectifs qui se mêlent de l’eau (collectif des Gammares, association Espaces) et des scientifiques.
Pluridisciplinaires, le projet décline des ateliers, des œuvres plastiques, des performances et des créations audiovisuelles.

Un rituel graphique à l’orée du tableau vivant

Au cœur d’un dispositif entre cérémonie silencieuse et dramaturgie incarnée, la séance de modèle vivant du Conte Revenant se déploie comme un atelier de dessin ouvert à toustes, où le geste graphique devient un acte d’écoute et de transmutation.

Le Conte, figure hybride aux allures mythopoétiques, se tient immobile. Il convoque des scènes brèves et épiques à partir d’un répertoire d’objets choisis avec soin — fragments de récits, vestiges de métamorphoses. À ses côtés, Octo, maître du temps et complice rituel, orchestre le déroulé : il énonce le protocole, distribue papiers et crayons, scande les durées, veille à la tension juste des poses.

Dans cet entrelacs entre tableau vivant et modèle vivant, les dessineureuses sont convié·es à une narration sans paroles, où les corps deviennent langage, où le dessin capte une fiction muette. Une fable se tisse : celle d’un faune cornu, en lutte avec sa propre enveloppe, convoquant les puissances de l’archaïque et les résistances du désir.

Plus qu’un atelier, cette séance s’affirme comme un espace liminal où se rejoue la puissance du regard, de l’interprétation, du rituel partagé — une intercession graphique où la ligne devient vecteur d’incantation.


Balthazar Heisch est artiste de l’action et de la performance. Son œuvre consiste à rencontrer les esprits des lieux et à les métaboliser physiquement dans une démarche de transmutation. Après le cursus d’Art Espace de l’ENSAD dont il est diplômé en 2019, il travaille avec des commissaires d’exposition tels que Florian Gaité, Julie Crenn et Mehryl Levisse. En 2022 l’entité obt.t, qu’il forme avec son siamois Antonin Simon Giraudet, officie au sein de la 31e édition des Ateliers des Arques. Il engage une pratique curatoriale sur la représentation des corps dissidents avec Frank Lamy et le duo Superpartners autour de l’exposition Trans*galactique à la Gaité Lyrique en 2024. le personnage du « Conte revenant » se construit dans une collaboration au long cours avec l’Abbaye de Maubuisson. Balthazar Heisch est né en 1991

bh@balthazarheisch.com
@balthazar.heisch

Rituel culinaire, empreintes animales et fictions comestibles
PICNHYBRIDE est une performance situationnelle où se mêlent alimentation, imaginaire agricole et gestes d’appropriation critique. Sur une table en inox, scénographie minimale d’un laboratoire de fortune ou d’une cuisine désaffectée, s’étalent les matières premières d’un rite aussi trivial qu’ésotérique : un pain paysan, deux kilos de beurre fermier, une encre comestible noire à base de charbon, et une série de tampons ornementés de motifs mamellaires.
Dans un geste à la fois intime et collectif, les visiteureuses sont invité·es à composer leurs propres tartines, à les marquer d’un sceau, à activer ce rituel alimentaire devenu sémiotique. Chaque bouchée porte en elle les tensions entre le domestique et le sauvage, le nourricier et l’industriel, le vivant et sa mise en forme.
Les cinq tampons proposés convoquent une iconographie plurielle des anatomies mamélaires — formes animales, hybrides ou archétypales — qui rendent hommage à la diversité biologique du vivant. Face à une industrie agroalimentaire qui tend à lisser les corps et à standardiser les représentations pour répondre aux logiques du marketing de masse, ces empreintes deviennent des actes de réaffirmation de la complexité du vivant, de sa texture, de ses écarts et de ses résistances.
Les artistes accompagnent le geste, incarnent la parole, et performent un récit à plusieurs couches : celui de l’absorption des corps par les systèmes normatifs, du lissage des formes de vie par l’économie capitaliste, et de la fusion entre organique et fabriqué dans nos régimes alimentaires quotidiens.
La performance s’éteint lorsque toute matière est absorbée : lorsque le beurre fond, que le pain est rompu, que les empreintes se dissipent dans les ventres. PICNHYBRIDE opère comme une sculpture sociale temporaire, un espace de trouble sensoriel et critique, où le goût devient langage, et la table, un lieu de résistance douce.


Le duo ORAN est composé des artistes Morgane Clerc et Flo·re, né·es en 1994 et 1993, originaires de Bourgogne et de région parisienne. Après des études communes en design d’espace et alternatives urbaines à Vitry-sur-Seine, iels débutent en 2016 une démarche artistique situationnelle. Déménageant au gré des résidences et des invitations, c’est en s’exposant et en s’impliquant dans des contextes toujours changeants qu’iels imaginent leurs premières actions collaboratives. En 2019, après trois ans de nomadisme, iels s’installent à Lille et sont artistes associé·es à la malterie de 2021 à 2024. Aujourd’hui, leurs interventions s’articulent autour des principes de l’art en commun et de l’activisme magique comme force d’organisation collective.

Au sein de Symbiosium, projet archipélique manifeste traversée par l’idée de relations interespèces et de recompositions écosystémiques, les Soirées Intercession convoque un autre régime d’attention et d’engagement. À la croisée de l’installation immersive, de la performance, de la marche artistique et de l’atelier, cette programmation active des formes de présence qui brouillent les hiérarchies traditionnelles entre spectateur·ices, œuvres et artistes.

Pensée comme une zone de porosité entre médiation et création, l’intercession au Vaisseau /Centre Wallonie-Bruxelles constitue une diplomatie d’accueil artistique : elle met en friction les sensibilités, fait exister les voix marginales, invite à habiter les œuvres plutôt qu’à les contempler. Les pratiques qui s’y déploient se fondent sur une logique de coopération, de circulation des savoirs et d’expérience située. Elles interrogent les écologies du sensible et les seuils d’hospitalité des institutions culturelles.

Ces activations, proposées lors de la Nuit des Musées et de la Nuit Blanche, instaurent des conditions d’apparition singulières : elles fabriquent du commun à partir de gestes poétiques, critiques et incarnés. Dans cette temporalité suspendue, chaque intervention devient un protocole d’échange, un espace d’hybridation ou de trouble, une matière vivante à activer ensemble.


Programme de la nuit des musées de Symbiosium 2 :


En continu dès 18h00 

Projections des films d’artistes de l’Ile dédiée
Rencontre participative autour du projet A Seat for the Sea de Raf Custers & Greet Brauwers


18h00 > 19h00 

Visite commentée de l’Anarkhè-exposition


18h00 > 20h00

Dégustation PICNHYBRIDE avec le duo ORAN


17h00 > 20h00 (HORS LES MURS)

Gratuit. Réservation distincte ici

Errance créative autour du Ru de Marivel avec le collectif MITR – Hors les murs - départ à la gare de Chaville-Viroflay rive Gauche.


20h00

Séance de modèle vivant du Conte revenant par Balthazar Heisch avec Octo ASG

Greet et Raf  ©David Ducon

Greet et Raf ©David Ducon

visuel PICNHYBRIDE - duo ORAN x CWB

visuel PICNHYBRIDE - duo ORAN x CWB

Collectif MITR

Collectif MITR

Séance de modèle vivant du Comte revenant par Balthazar Heisch avec Octo ASG

Séance de modèle vivant du Comte revenant par Balthazar Heisch avec Octo ASG

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