Biennale NOVA_XX 2021
Pantopie & Métastabilité. Biennale dédiée à l’Intrication Technologique, Scientifique et Artistique, à l’aune du féminin et du non-binaire et à l’ère du 4.0.
Entrée libre
Salle d’exposition
127-129 rue Saint-Martin
75004 Paris
Visite Fugitive : une immersion dans les expositions du Centre chaque mercredis à 16h.
Gratuit, départ de la visite depuis l’accueil de la galerie.
Pour découvrir le Centre et ses espaces d’exposition avec un groupe d’étudiant.e.s ou entre ami.e.s, le CWB vous invite à prendre rendez-vous pour une visite des expositions en cours.
Gratuit sur réservation, à partir de 7 personnes
en cliquant ici ou au 01 53 01 96 96
EXPOSITION COLLECTIVE :
FWB :
Eva L’Hoest
Marjoljn Dijkman
Anouk Kruithof
FRANCE :
Marion Balac
Rocio Berenguer
Cindy Coutant
Victoire Thierrée
QUEBEC :
Mathilde Lavenne
Véronique Beland
Katherine Melançon
EXPOSITION satellite :
Constituée d’œuvres emblématiques prêtées par un collectionneur privé bruxelllois.
PERFORMANCES :
Julie Vacher (Fr) Geneviève Favre Petroff (Fr) Jenny Abouav (Fr) Morgane Baffier (Fr) Magali Desbazeille (Fr) Mercedes Dassy (FWB) Helena Dietrich(FWB)
SATELLITES EXPO :
- Sabrina Ratté (Qc)// en collaboration avec la Cité Internationale des Arts de Paris
- Sylvie Lehmers (FWB) »> campagne d’affichage
- Caroline Le Mehauté (FWB) et Cinzia Campolese (Qc) (ancienne lauréate du Nova_XX) // en collaboration avec Art [ ] Collector
Evelyne Deret, collectionneuse et fondatrice de Art [ ] Collector, Marraine de la Biennale :
Je m’intéresse à la création artistique des femmes et à sa reconnaissance et depuis longtemps à la création par des femmes utilisant des supports et médias plus souvent utilisés par les hommes !
Je m’étais déjà intéressée il y a plus de 30 ans dans le cadre de mes activités de formation des adultes, par le rapport des femmes aux « objets techniques » et du coup la création et la technique « empoignées » par des femmes ne pouvaient que m’intéresser.
C’est pourquoi j’ai apprécié d’être invitée lors du premier jury Nova XX_ 2019 et j’ai pu remettre un prix à l’une des lauréates, Cinzia Campolese . Ce prix lui a permis de réaliser un projet issu Reloading The Real, présenté à Art Souterrain, un festival d’art contemporain à Montréal et qui sera présenté au CWB en fin d’année 2021.
Et je suis honorée d’être la marraine de cette nouvelle édition de Nova_XX.
A l’occasion des jurys du Nova_XX et aussi du 46 Digital 2020, j’ai pu explorer et apprécier par le biais de l’art numérique de nouveaux univers artistiques : c’est pour moi une ouverture : rencontres, découverte d’œuvres, d’artistes et une occasion d’apprendre ainsi qu’un plaisir de travailler avec le Centre Wallonie-Bruxelles dont j’apprécie la curiosité, la vitalité, l’audace.
Le monde change et nous évoluons avec. Et il est des aventures, comme la Biennale NOVA_XX, qui permettent d’être actrice ou acteur du changement. Être commissaire d’exposition revient à chercher des œuvres dans son propre environnement pour les assembler selon ses propres critères. Avec l’appel à candidatures, ce sont les œuvres qui viennent à soi selon des critères préétablis où, dans ce cas précis, les technologies quelles qu’elles soient se conjuguent au féminin. Être commissaire d’exposition revient à s’intéresser aux œuvres qui nous mènent tout naturellement aux artistes. Alors que se partager la tâche à plusieurs permet aussi de croiser les regards selon des parcours qui sont nôtres pour tenter, collectivement, d’accroître la bienveillance. Quand la langue, en l’occurrence le français comme il est pratiqué en Wallonie-Bruxelles, au Québec ou en France, nous permet d’envisager les frontières avec une certaine porosité. Être commissaire d’exposition revient à apprendre tout en s’adaptant aux commanditaires de la manière la plus agile qui soit. La tâche qui nous incombe est importante et nous nous renforçons de nos différences dans notre relation aux technologies, au féminin et à la langue française pour donner le meilleur des contextes artistiques aux questions sociétales qui en émergent.
Biennale internationale dédiée à l’Intrication Technologique, Scientifique et Artistique, à l’aune du féminin et du non-binaire et à l’ère du 4.0.
- Exposition collective – Performances - Films – Conférences
- Edition spéciale Wallonie/Bruxelles - Québec - France
- Une initiative du CWB Paris, dans le cadre de la Biennale NEMO
Ouverture tricéphale
- Lafayette Anticipations ___ 4.12
- Centre Wallonie-Bruxelles/Paris___8.12
- Le Générateur ___ 10.12
8 décembre au Centre : Vernissage de l’Exposition collective & des satellites au Centre dès 18h30
Avec: Marion Balac – Véronique Béland – Rocio Berenguer – Cindy Coutant – Marjolijn Dijkman – Eduardo Andres Crespo - Anouk Kruithof – Eva L’Hoest – Caroline Le Méhauté – Sylvie Lehmers - Katherine Melançon – Anna Raimondo - Sabrina Ratté - Victoire Thierrée – Molly Soda - Noriko Yamaguchi
Commissaires Invité.e.s : Marie du Chastel, Dominique Moulon, Alain Thibault, accompagné.e.s d’Evelyne Deret (Marraine de cette édition) et Stéphanie Pécourt
Suivi à 20H00 : Performance 23°02’42.4”S 67°16’59.0”W / Tara Salt flat live de Julie Rousse
& Projection de la série photographique Cosmographies (2016) de Félicie d’Estienne d’Orves
MANIFESTE 2021-2022
Les narrations et mythologies collectives longtemps appréhendées sous le prisme viril des batailles et des défaites, des grandes conquêtes érigeant des figures de génies hypostasiant nos socles de référence communs ont trop longtemps marginalisées les références féminines.
L’Histoire pourrait-elle se passer des batailles et des héros ? La métapolitique pourrait-elle se passer de canons pour valoriser le syncrétisme et l’incomplétude ? Pourrions-nous penser nos statuts comme positivement polyphasés — aspirer à la métastabilité pour reprendre les idiomes de Gilbert Simondon — se délaisser des illusions à la stabilité et à la linéarité — penser nos identités comme inhomogènes, connectées, potentialisées, non déterminées par une essence et échappant à des catégories binaires ?
Dans l’histoire de l’art consacrée, c’est assez tardivement que les femmes ont été reconnues comme créatrices autonomes. Comme dans celle des sciences, elles ont souvent été les figurantes non héroïques d’une histoire qui prétendait être L’Histoire avec un grand H — métaprescriptive, hors récits et enjeux situés.
La transformation digitale est d’une magnitude exceptionnelle. La quatrième révolution industrielle, celle du numérique qui inclut des secteurs comme l’internet, l’intelligence artificielle, le big data, les nouvelles techniques d’impression, les biotechnologies… métamorphose nos environnements.
Dans un grand élan “rationaliste” qui se targue de biais idéologiques, nos sociétés de demain se singulariseraient, dit-on, par le pouvoir de création, d’auto-régénération et de communication qui résidera entre les mains - potentiellement - de “chaque smart citoyen·ne”. Or, la révolution numérique n’est pas de nature incrémentale — la technique n’est pas morale en soi, pas plus qu’elle ne poursuivrait de façon téléologique des visées éthiques. Tout demeure question de choix, d’arbitrages et d’orientations.
En ce présent liquide, le monde de demain et la façon de le projeter et le narrer n’a rien d’inéluctable et est à profiler.
Ces dernières années, dans le cadre de nombreuses rencontres internationales d’arts numériques - la question fut soulevée : “Pourquoi si peu de femmes dans ce champ ?”. Rarement l’enjeu se posa en contre-pied, à savoir, “Pourquoi y a-t-il autant d’hommes dans ce champ ?” Pour être plus précis encore dans la formulation, la question n’aurait-elle pas eu à être: “Quels sont les mécanismes qui privilégient cette prédominance non seulement d’hommes, mais majoritairement d’hommes blancs et occidentaux dans ces secteurs ?”.
NOVA_XX n’entend pas être l’outil du redouté grand remplacement du “il” par le “elle”, mais entend contribuer à procéder à une anatomie d’un champ donné et à concevoir l’objet du “chef d’œuvre” et le “statut de génie” autrement. La biennale vise à éditorialiser une histoire sous un angle parallaxe.
NOVA_XX ambitionne la mise en exergue d’œuvres qui critiquent autant qu’elles attestent et incorporent des innovations scientifiques et technologiques. Des œuvres dont la vocation réside en la décoïncidence, en la mise en tension et qui permettent de potentialiser des mondes et territoires nouveaux.
NOVA_XX a — entre autres — vocation à ouvrir le champ de réflexion sur les ressorts de cette notion hautement polysémique qu’est l’innovation et se conçoit comme un outil posé en faveur des ruptures de corporations.
Le Biennale déséquence et s’engage résolument en faveur de l’interpénétration des savoirs et topographies de recherche. Elle vise la Pantopie, néologisme et idiome emprunté à Michel Serres dérivant de la contraction sémiologique des termes grecs pan et topos.
Cette Pantopie qui renvoie à un nouveau mode de pensée, à une spéculation de futurs, se fonde sur la possibilité de penser, virtuellement, “tous les mondes possibles”, pour reprendre l’expression leibnizienne.
Résolument, NOVA_XX n’entend pas se conformer à une montée en mythologie d’héroïnes et de figures tutélaires.
La Biennale agrège plus d’une quarantaine d’artistes et constitue un climax de démarches et protocoles de recherches qui s’inscrivent dans une temporalité longue et qui s’émancipent de visées de spectacularisation éphémère. Elle vise délibérément à procéder à une sorte de saturation de sens, de démonstrations, d’orientations, multiplie les points de vue dans la perspective de corrompre l’aspiration à une parole conquérante. NOVA_XX se fait le vaisseau de récits situés qui ne se réclament d’aucune universalité́. Elle est un magma de germinations, de gestes, de pensées critiques et spéculatives qui se déploie selon une logique physique labyrinthique qui vise la déterritorialisation.
L’exposition collective NOVA_XX n’est pas une exposition dite d’arts digitales, on y bascule d’installations analogiques à numériques, et la place du sonore n’y est pas à la marge. Elle est une exposition d’artistes contemporaines qui sondent les enjeux de notre ère du 4.0., de notre hyperréalité avec des médiums mixtes. La question de la définition du vivant y est prégnante, de son hybridation, comme celle du temps comme donne non linéaire et de l’espace comme élément mouvant. Nos rapports, fantasmes, superstitions aux technologies intelligentes notamment en constitue l’une des trames ainsi que le recours à la fiction, à la chimère et au simulacre.
Le programme de performances - qui repose sur l’idée d’une déconstruction de représentations essentialistes du genre notamment - rappelle l’imagerie de freaks show – non-conformité incarnée - et repose sur l’idée d’apparitions, de surgissement d’être étrangers et étranges.
NOVA_XX entend contribuer à un monde résolument Trans, hybride et connecté.
Stéphanie Pécourt, Directrice